9 février > Nouvelles France > Raphaël Haroche

Tous ceux qui sont familiers de l’univers de l’auteur-compositeur-interprète Raphaël ne seront pas surpris par la tonalité générale de Retourner à la mer : sombre. Il y a chez ce garçon talentueux, depuis ses débuts et en dépit de son succès, une fêlure, un mal-être, un regard assez désespéré porté sur le monde. Il n’est que de réécouter son album Caravane, son chef-d’œuvre.

Pour son premier livre, un recueil de douze nouvelles plus un poème, "Quel genre d’ami ferait ça ?", déploration un peu grunge d’un cher disparu, Raphaël Haroche s’attache à une galerie de personnages tous plus ou moins cabossés de la vie : les ouvriers polonais d’un abattoir de l’Aubrac confrontés à la cruauté ; un Berbère costaud et violent, videur dans des concerts, qui partage sa pauvre existence de banlieue avec sa femme, danseuse rapiécée dans un club minable ; un père divorcé alcoolique qui manque se tuer en voiture avec son fils ; une femme qui se noie, en Corse, après un dîner au restaurant où la déroute de son couple est apparue dans toute sa crudité ; des hommes qui ont du mal à bander, qui n’ont pas le courage de se suicider… "Décidément, l’homme avilit tout, écrit le narrateur de la dernière nouvelle du livre, une visite pathétique au Marineland d’Antibes, emprisonne et humilie des dauphins devant la mer, alcoolise les Indiens, exhibe des ours polaires par quarante degrés à l’ombre." Il n’a pas vraiment tort.

Retourner à la mer, fort bien écrit, est un premier livre dans l’air du temps, pessimiste, grave, angoissé. Une catharsis ? J.-C. P.

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