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Comment faire émerger des mangas quand "la concurrence est très féroce" ?

L'Attaque des Titans de Hajime Isayama - Photo (Pika)

Comment faire émerger des mangas quand "la concurrence est très féroce" ?

Prospection du marché japonais, discrétion pour acquérir les droits, adaptation au marché français... Les éditeurs français de manga aiguisent leurs stratégies marketing dans un marché devenu ultra concurrentiel.

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Par Dahlia Girgis,
Créé le 24.03.2022 à 19h13 ,
Mis à jour le 28.03.2022 à 17h00

Les mangas ne cessent de flirter avec les premières places du classement des meilleures ventes. Sur ce dernier mois, se trouvent entre autres dans le Top 20 Lives Hebdo/GfK One-Punch Man, vol.24 de Yusuke Murata (Kurokawa), L'Attaque des titans : édition colossale, vol.12 de Hajime Isayama (Pika) ou encore Tokyo Revengers, vol.17 de Ken Wakui (Glénat). Des succès dont l'histoire commence par le travail des éditeurs français au Japon.

La plupart des séries qui rencontrent le succès en France sont issues du magazine Weekly Shōnen Jump. Créé par l’éditeur japonais Shūeisha en 1968, le magazine traditionnellement destiné aux jeunes garçons publie chaque semaine des chapitres de manga. Parmi les plus connus : One Piece, Demon Slayer, Naruto ou Dragon Ball. Ces dernières années, une version en ligne propose aux éditeurs et lecteurs les œuvres des mangakas. Mais une multitude d’autres magazines papiers ou numériques sont consultés par les maisons françaises. L’objectif est de trouver la perle rare et vite.

Opération séduction des éditeurs français au Japon

La concurrence est très féroce en France”, estime Masahiro Choya, responsable manga depuis deux ans chez Panini. Tellement féroce que certains éditeurs acquièrent les droits d’un manga dès la publication du premier chapitre dans un magazine, sans attendre la sortie d’un tome relié. “Cela dépend de la maison d’édition japonaise : Shueisha demande par exemple d’attendre la parution du tome 1 pour lui faire une offre, d’autres maisons proposent des dates limites pour candidater”, explique Masahiro Choya. L’éditeur a passé une dizaine d'années chez Kazé, avant de rejoindre le groupe concurrent Panini.

Goldorak français avec Xavier Dorison, Denis Bajram, Xavier Dorison, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo.
Goldorak français avec Xavier Dorison, Denis Bajram, Xavier Dorison, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo.- Photo KANA

La discrétion est de mise pour acheter les droits d’une nouvelle série. “Le principe d’exclusivité n’est pas très suivi au Japon”, précise Christel Hoolans, directrice éditoriale de Kana. En témoigne, la publication du cross over de Goldorak signé Go Nagai chez Isan Manga, une maison d’édition confidentielle. Or Kana avait convaincu l’année dernière les ayant droits japonais de lancer un Goldorak français avec Xavier Dorison, Denis Bajram, Xavier Dorison, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo.

Plan marketing français spécial shonen et seinen

Pour convaincre les ayant droits japonais, le plan marketing joue énormément, selon Masahiro Choya. L’éditeur par exemple propose de ressortir des titres sous grand format, tels que pour la série Banana Fish de Akimi Yoshida. Des stratégies marketings essentielles dans un marché parfois considéré comme “saturé”. Notamment par du Shonen, sous genre qui comprend de l’action et de l’aventure, mais aussi du Seinen destiné aux jeunes adultes, du type la série Tokyo Ghoul publié chez Glénat. “Il y a des auteurs phénomènes qui inspirent et dictent les choix éditoriaux”, admet Mehdi Benrabah. Le responsable éditorial de Pika ne s’interdit pas pour autant de lancer des séries Shôjo ou des mangas sur le sport.

Banana Fish
Banana Fish de Akimi Yoshida- Photo PANINI

Pour se démarquer, Kana compte sur la multiplication des caisses de résonances. “Nous nourrissons les libraires les plus prescripteurs le plus en amont possible, échantillons auprès du grand public en point de vente mais aussi sur le web, en essayant d’émerger le plus possible en point de vente, en proposant des goodies, des PLV originales, etc”, détaille Christel Hoolans.

La stratégie du simulpub

Pour convaincre les japonais, Pika mise aussi sur sa stratégie du simulpub. La maison à commencer à proposer à ses lecteurs une version ePub des chapitres en simultanée avec le Japon en 2015. Le premier titre à avoir bénéficié de cette stratégie est la saga phénomène L’attaque des titans de Hajime Isayama. Une façon d’offrir à l’éditeur japonais une visibilité rapide à l’international.

Cela permet également à Pika de se positionner rapidement sur les nouvelles licences. Ce fut le cas récemment pour The World of Summoning de Yuuki Kodama dont le chapitre 001 n'est disponible depuis février qu’en version numérique. D’autres éditeurs ont depuis suivi le mouvement comme Glénat qui a récemment lancé sa plateforme Glénat Manga Max. “En France, les ventes numériques sont encore balbutiantes or c’est tellement présent dans la façon de consommer du manga au japon que nous devons avoir une offre à ce niveau là”, conclut Mehdi Benrabah.

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