Diversité

Louis-Georges Tin, président de République & diversité, est à l’initiative du programme d’étude du contenu des manuels scolaires.- Photo DR

Pour une fois, une réflexion sur le contenu des manuels scolaires s’est déroulée sans empoignade partisane. Initiés par groupe de réflexion République et diversité, les échanges et les analyses entre universitaires et éditeurs sur le thème « Manuels scolaires et diversité » trouvaient pourtant leur origine lointaine dans une polémique sur la notion d’identité sexuelle au programme de de la Science et vie et de la Terre (SVT) en 1re. Et leur restitution, le 19 avril, lors d’un séminaire à l’Assemblée nationale, avait lieu en pleine polémique sur le mariage pour tous. Ce contexte n’a pas altéré la rigueur de la présentation des travaux, ouverte par George Pau-Langevin, ministre de la Réussite éducative, Sylvie Marcé, vice-présidente du SNE et P-DG de Belin, et par Louis-Georges Tin, président de République & diversité. Le champ de l’étude s’est élargi au-delà du sujet de départ, pour se pencher sur l’égalité entre les hommes et les femmes, l’orientation sexuelle, et la diversité des origines, et leur traitement dans une cinquantaine de manuels d’histoire, de français et de SVT, analysés par trois groupes de chercheurs. « Globalement, la question des discriminations est prise au sérieux par les maisons d’édition scolaires », jugent-ils dans leur conclusion, même si « des améliorations sont nécessaires », notamment sur les questions de l’égalité entre hommes et femmes, ou de la diversité des origines. Enfin, s’il n’y a aucune homophobie dans les manuels, il n’y a pas plus d’évocation de l’homosexualité.

Allant au-delà de ces constatations, les chercheurs proposent des solutions aux lacunes qu’ils relèvent, et dont l’essentiel passe par la constitution d’un corpus documentaire sur les femmes écrivains, artistes, universitaires, sur la littérature francophone, l’histoire coloniale, l’homosexualité… « Les éditeurs sont souvent démunis lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre ces questions de société, surtout qu’elles sont introduites dans des programmes rédigés tardivement et à traiter en urgence. Avec l’aide des universitaires, la mise en place de tels corpus sera très utile », se félicite Pascale Gélébart, chargée de mission au groupe enseignement du SNE. La publication de ces travaux reste à organiser, mais les éditeurs disposent d’un cadre de réflexion qui complète d’autres rapports, dont celui du député Xavier Breton. Initié aussi dans des conditions très polémiques à la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, à propos de la question de l’identité sexuelle, le groupe de travail avait réussi à produire une synthèse apaisée. Discrètement rendues au début de 2012, ses conclusions recommandaient plus de transparence dans la conception des programmes, la réactivation d’un conseil qui leur serait consacré, des délais de mise en œuvre raisonnables pour les éditeurs, etc. Des principes entendus de l’actuel ministère de l’Education nationale, vu l’organisation de son programme de refondation de l’école, prévu pour la rentrée de 2015. Hervé Hugueny

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