19 août > Roman France

"Roman improvisé, interruptif et pas sérieux", prévient le sous-titre du quatrième roman de Sophie Divry qui narre sur un mode sarcastique les malheurs de Sophie, écrivaine célibataire dans la trentaine, domiciliée dans le Vieux Lyon, chômeuse de longue durée, qui a dû choisir entre payer les factures et manger. "Je n’étais pas malheureuse, mais j’étais pauvre." D’un ton très différent de l’implacable Condition pavillonnaire, roman flaubertien remarqué de la rentrée dernière, Quand le diable sortit de la salle de bains n’est pas un classique journal de la dèche, documentant le quotidien affamé d’une intellectuelle précaire et toutes les stratégies pour tromper son estomac, sa honte, la sollicitude culpabilisante ou l’indifférence des proches. Le roman se présente surtout comme un conte fantaisiste en trois temps, un récit qui invente sa forme pour la mettre au service d’une réflexion politique et sociale critique, tour à tour railleuse ou déprimée.

Mots-valises, calligrammes, variations de police et de corps de caractères, émoticônes animent les aventures de notre héroïne de la lose, dotée de six frères, d’une maison d’enfance près de Montpellier où elle rejoint sa mère, veuve, le temps d’un week-end.

S’intercalent les interventions d’Hector, le grand ami, saxophoniste intermittent, "indéfectible et attachant compagnon de misère", les dialogues avec Lorchus, son "démon personnel", une dispute entre la bouilloire et le grille-pain, condamné à être vendu sur le Bon Coin, ou l’apparition/vision de Pierre Bergounioux dans le TGV ainsi que des énumérations pleines de cocasserie.

Le lecteur trouvera des conseils pratiques pour "un bon contemplage de plafond", la liste des conditions requises pour pique-niquer dans un train, des concepts maison tel ce "phénomène du vespéropastoflemmage", quand on n’a même pas le courage de se faire cuire des nouilles. Véronique Rossignol

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