25 janvier > Roman Australie > Gregory David Roberts

On se souvient de Shantaram, premier roman et best-seller mondial de Gregory David Roberts, paru en Australie en 2003, en France en 2007 (déjà chez Flammarion, puis chez J’ai lu). Il racontait les tribulations d’un mauvais garçon aussie en cavale, venu se faire oublier à Bombay où, tout en se construisant une vie totalement différente, en marge, il découvrait la spiritualité hindoue, ses valeurs. Le livre, largement autobiographique ainsi que l’auteur l’expliquait à l’époque, est en cours d’adaptation au cinéma, avec, dans le rôle de Lin, le héros, Johnny Depp. Evidemment.

Après ce triomphe et cette catharsis par l’Inde, Roberts s’est recyclé dans le caritatif, la philosophie, la philanthropie, et il est retourné vivre dans son pays où, "retiré de la vie publique", nous dit-on, il s’est consacré à son œuvre. C’est-à-dire, pour l’instant, L’ombre de la montagne, paru là-bas en 2015, qui nous parvient aujourd’hui et se présente clairement comme la suite de Shantaram. On y retrouve Lin, le narrateur, qui passe pour médecin dans le bidonville où il habite, mais vit en fait des basses besognes qu’il exécute pour la Sanjaly Company, un des gangs mafieux de la mégalopole marathie. Dans son environnement quotidien, grouillant, foisonnant, complexe, on trouve d’abord Lisa, son amoureuse, et quelques amis, comme Didier Levy, le multi-criminel gay, ou encore Naveen Adair, le jeune détective irlando-indien, au charme duquel il n’est pas insensible. Tout ce petit monde se retrouve chaque jour, notamment au café Leopold, leur repaire. Et ça papote, et ça philosophe, et ça fait des affaires parfaitement louches. Mais voilà qu’une sombre menace plane sur la ville : la Lance du Karma, une secte d’extrémistes hindous engagée dans une espèce de croisade purificatrice, dont les marginaux sont les premières victimes désignées. Les autres confessions aussi, bien sûr.

Impossible de résumer l’intrigue et les péripéties innombrables de ce pavé touffu de près de 1 000 pages. Indiquons simplement que la fin baigne dans la spiritualité, la repentance et le politiquement correct à l’anglo-saxonne : Roberts se désolidarisant de ses personnages qui picolent, fument, se droguent et recourent à la violence. Et que le narrateur découvre enfin ce que les hommes cherchent depuis des millénaires : "le sens du mot Dieu".Unis vers l’uni, il a bien de la chance. En Inde, le pays où tout est possible, un bandit peut devenir un pandit, un gourou. J.-C. P.

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