Disparition

Décès de l’artiste Christian Boltanski

Christian Boltanski à l’Institut valencien d’art moderne à Valence en Espagne. L'artiste est décédé mercredi 14 juillet à l’âge de 76 ans. - Photo © Juan García – Institut Valencià d’Art Modern / CC BY-SA 4.0

Décès de l’artiste Christian Boltanski

Le géant français de l’art contemporain Christian Boltanski est mort mercredi 14 juillet à l’âge de 76 ans.

Par Cécilia Lacour,
avec AFP Créé le 15.07.2021 à 15h00

Christian Boltanski est décédé mercredi 14 juillet à l’âge de 76 ans. "Il est mort ce matin à l’hôpital Cochin (à Paris), où il était depuis quelques jours", a indiqué à l’AFP Bernard Blistène, ancien directeur du musée d’Art moderne au Centre Pompidou à Paris, qui lui avait consacré une rétrospective en 2019-2020.

Fils d’un médecin juif converti d’origine ukrainienne et d’une Corse catholique, Christian-Liberté Boltanski naît le 6 septembre 1944. Pendant l’Occupation, sa mère atteinte de polio cache son père sous le plancher de l’appartement. Ils simulent un divorce et prétendent que le père a quitté Paris. Son neveu Christophe Boltanski raconte cette famille atypique dans La cache (Stock), salué par le prix Femina 2015.

Autodidacte, Christian Boltanski commence à peindre à l’âge de 14 ans. Dix ans plus tard, il ouvre sa première exposition au théâtre Ranelagh à Paris. Travaillant sur l’absence et la mort, l’artiste se voyait comme un artisan de la mémoire. Photographe, sculpteur et cinéaste, Christian Boltanski est considéré comme l’un des principaux artistes contemporains français.

"C’est une très grande perte, a déploré M. Blistène. Il aimait par-dessus tout cette transmission entre les êtres, par des récits, par des souvenirs. Il restera comme un des plus grands conteurs de son temps. C’était un inventeur incroyable." Avec l’artiste "Annette Messager, sa compagne, il avait réussi à tracer une route reconnue internationalement, notamment à la Biennale de Venise, chacun d’eux trouvant la marque de sa propre mythologie", a salué de son côté l’ancien ministre de la Culture Jack Lang.

En librairie

En 2020, le Centre Pompidou avait consacré à cet homme chauve, silhouette massive et sourire pétillant, une exposition en forme de rétrospective, "Faire son temps", conçue comme une gigantesque œuvre unique. L’évènement s’ouvrait sur un choc visuel : une vidéo d’un homme assis qui ne cesse de vomir. Vidéo qui dit l’enfermement connu par sa famille durant la guerre et les années qui suivirent, imprégnées du récit de la Shoah omniprésent. Les éditions du Centre Pompidou avaient d’ailleurs publié le catalogue d’exposition Christian Boltanski : faire son temps (2019) ainsi que Personnes, un texte de Christophe et Christian Boltanski abordant la question de traces laissées par les rencontres fortuites symbolisées par les cartes de visite.

L’artiste a également publié une dizaine d’ouvrages. Avec Jacques Roubaud, il assemble les visages des Habitants du Louvre (Dilecta/Louvre éditions, 2009). En 2007, il répond aux questions de Catherine Grenier dans La vie possible de Christian Boltanski (Le Seuil), avant de dialoguer avec Dominique Radrizanni, en 2010, à propos de l’art du dessin et de la pratique artistique (Le dessin impossible de Christian Boltanski, Buchet-Chastel). Christian Boltanski revient sur ses thèmes de prédilection et sur l’influence des réseaux sociaux sur l’art contemporain dans Christian Boltanski (IMEC, 2014). Enfin, Christian Boltanski : entretiens avec Laure Adler paraîtra chez Flammarion le 6 octobre prochain.

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