Un père et son fils s'en vont gaiement au musée. Tiens, tiens... Bizarre, cette œuvre, ils ne la voyaient pas du tout comme ça ! Et celle-là non plus. Et pour cause : Les nymphéas, de Monet, flottent parmi des dizaines de bouteilles en plastique, et les paysans de L'angélus, de Millet, prient devant un énorme engin agricole qui pulvérise des pesticides. Les Tahitiennes de Gauguin ont de l'eau jusqu'aux épaules, bien plus que dans le tableau originel. D'une vague d'Hokusai émerge un bateau de migrants. La jungle du Douanier Rousseau, quant à elle, ne bruisse d'aucun cri d'animal. Les animaux sont totalement absents de l'œuvre. Disparus ? Trop menacés ? Anéantis par une catastrophe écologique ? L'histoire ne le dit pas. Ailleurs, on reconnaît les personnages du Déjeuner sur l'herbe, de Manet, mais ils ne se tiennent sous aucun arbre. Ils ont tous été coupés ! À la fin, les glorieux Tournesols, de Van Gogh, ont bien triste mine, la sécheresse les a anéantis. Altérant les chefs-d'œuvre les plus universels de la peinture, Julien Couty les « dépeint » littéralement. Il frappe un grand coup en y insérant déchets, engrais, crues ou sécheresse. Sonné, choqué, le lecteur prend conscience de l'urgence de la situation. Que vaudrait un Douanier Rousseau sans plus aucun tigre ? Un champ de Millet envahi de déchets ? L'aquarelle de Julien Couty a beau être plaisante et légère, le propos est fort.