28 mars > Histoire Etats-Unis

Quand la France inventait les Etats-Unis… C’était au XIXe siècle. Les artistes, écrivains, hommes politiques ou savants américains venaient puiser à Paris des idées et s’imprégner d’une atmosphère plus légère que le puritanisme du Nouveau Monde. Sur la période 1830-1900, David McCullough se propose de nous raconter ce pittoresque voyage transatlantique de trois générations d’Américains, avec arrêt obligatoire à Rouen pour contempler sa cathédrale plus haute que le Capitole.

Ils furent nombreux à venir respirer cet air de Paris, mais aussi le remugle de ces ruelles encore moyenâgeuses d’avant les travaux d’Hausmann, à la recherche d’un savoir prestigieux dans la médecine ou dans les arts. Samuel Morse peint au Louvre et présente son télégraphe devant l’Académie des sciences avant de faire la connaissance de Daguerre. James Fenimore Cooper, excellent marcheur, arpente la capitale en tous sens. Il y restera avec sa famille sept ans et écrira huit romans !

Mais ces Américains vivent aussi les heures convulsives de la capitale comme l’épidémie de choléra, la révolution de 1848, le terrible siège de Paris ou la Commune et sa répression sanglante.

A 80 ans, David McCullough n’est pas un inconnu des librairies. Deux fois lauréat du prix Pulitzer et du National Book Award, l’historien sait trousser les anecdotes et brosser des portraits. Dans ce best-seller outre-Atlantique, il montre Barnum présentant Tom Pouce à Louis-Philippe, Chopin venant saluer le pianiste Moreau Gottschalk après un récital… Chopin, George Catlin s’invitant à la Cour avec le chef indien Nuage Blanc, les étudiants en médecine américains découvrant la qualité des hôpitaux parisiens, Mark Twain appréciant plus Paris que les Parisiens, le général Grant discutant avec Gambetta, etc.

Pour tous, le passage par Paris sera une carte de visite exemplaire à leur retour. Mary Cassatt, elle, ne cherchera pas à vivre ailleurs. Elle rejoindra les peintres impressionnistes et mourra, près de Paris, après la Première Guerre mondiale. Ce livre nous rappelle combien la France exerça un pouvoir d’attraction, même si Lamartine confia à Charles Sumner : "Avec un peuple si changeant, rien n’est certain que le changement." C’est pourtant en voyant à la Sorbonne des étudiants noirs sur les mêmes bancs que les blancs que ce sénateur américain devint la voix la plus puissante en faveur de l’égalité des droits dans son pays.

Comme lui, à Paris, beaucoup ont vu leur destin basculer. Mais cette histoire n’est pas à sens unique. David McCullough nous rappelle qu’en 1831, un Français fit le chemin inverse pour comprendre la démocratie américaine. Il s’appelait Alexis de Tocqueville… L. L.

Sur les transformations de la capitale de 1867 à 1893, Omnibus réédite le 3 avril Portraits pittoresques de Paris de Charles Virmaitre.

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