Des éditeurs membres du Comité de sabotage de l'antiterrorisme en garde à vue

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Des éditeurs membres du Comité de sabotage de l'antiterrorisme en garde à vue

Soutiens des «inculpés de Tarnac», les anciens directeurs d'HB éditions François et Johanna Bouchardeau, ainsi que Samuel et Héléna Autexier, de la revue Marginales, ont été interpellés lundi 18 mai par le SRPJ de Marseille.

Par Catherine Andreucci
avec ca Créé le 15.04.2015 à 22h43

Quatre éditeurs interpellés à Forcalquier et Saint-Maime, lundi 18 mai, suite à une enquête préliminaire menée à l'initiative du parquet de Digne, ont été placés en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Marseille.

Selon plusieurs sources, il serait reproché à François Bouchardeau et à son épouse Johanna, qui ont dirigé HB éditions jusqu'à sa cessation d'activité à l'été 2008, ainsi qu'à Samuel Autexier et à sa soeur Héléna Autexier, responsables de la revue Marginales, la diffusion d'un tract considéré comme une menace pour le directeur central du renseignement intérieur, Bernard Squarcini.

Les quatre éditeurs font partie du Comité de sabotage de l'antiterrorisme (CSA), un des multiples comités qui se sont créés en France pour soutenir les personnes arrêtées en novembre 2008 à Tarnac, soupçonnées de former un mouvement d'«ultragauche» à l'origine de dégradations de lignes de TGV. Le CSA a organisé le 8 mai à Forcalquier une journée de débats et d'échanges contre l'antiterrorisme, qui aurait réuni 200 personnes selon les organisateurs.

«ll s'agit d'une intolérable atteinte à la liberté d'expression, dénonce Me Olivier Lantelme, avocat de François et Johanna Bouchardeau ainsi que de Bruno Chiambretto, cinquième membre du CSA placé en garde à vue lundi soir. Ces gardes à vue ont des parfums de chasse aux sorcières. Les personnes concernées sont des gens non violents, militants, qui ont une culture politique forte et font partie d'un comité de soutien aux inculpés de Tarnac. N'ayant pas accès au dossier, je ne sais même pas quels faits on leur reproche et sous quelle qualification pénale on les appréhende. Pourquoi leur réserver un traitement aussi musclé ? Il suffisait qu'on les convoque.»

Pour Me Lantelme, la procédure adoptée est «disproportionnée»: «Il n'est bien évidemment pas question pour le CSA de faire du mal à quiconque. Le parquet et la PJ ont pris peur à cause d'un simple tract, mais il sont en train de comprendre qu'ils ont affaire à des gens non violents, et qu'ils font fausse route.» A l'heure où nous mettons en ligne, mardi en fin d'après-midi, l'avocat est confiant sur une possible libération des gardés à vue avant la fin de la journée.

Le 9 avril, Eric Hazan, directeur des éditions La Fabrique, avait été entendu comme témoin par la sous-direction de l'antiterrorisme dans le cadre de l'enquête sur Julien Coupat, soupçonné d'être le leader du mouvement d'«ultragauche» et d'être l'auteur de L'insurrection qui vient, publié par La Fabrique. De nombreux éditeurs lui avaient apporté leur soutien dans une tribune publiée dans Le Monde (voir Les éditeurs affichent leur solidarité avec Eric Hazan).

Julien Coupat reste le seul détenu dans ce dossier. Sa quatrième demande de remise en liberté a été rejetée le 12 mai dernier.
15.04 2015

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