Des libraires spécialisés exigeants mais pas élitistes

Lorant Hecquet, Librairie L'or des étoiles - Photo Olivier Dion

Des libraires spécialisés exigeants mais pas élitistes

Lorant Hecquet, de la librairie L'Or des étoiles à Vézelay, préside depuis 2001 l'Alef, l'association des librairies ésotériques de France Mieux-être et spiritualité. Face à la démocratisation du secteur, celle-ci met en avant l'expertise et la force de conseil de ses membres pour se démarquer.

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Créé le 19.11.2018 à 19h01

A quoi ressemble le réseau que vous présidez aujourd'hui ?

Il regroupe une quinzaine de librairies ésotériques -indépendantes à travers la France. Le nombre -d'adhérents est en baisse, car de nombreux -libraires qui cessent leur activité ne trouvent pas de -repreneurs. Ce n'est pas faute de -candidats, mais les pas-de-porte sont trop chers et les banques frileuses quand il s'agit de -financer un -libraire. On a un adhérent qui a ainsi eu 28 propositions de reprise, mais a finalement vendu à un restaurateur... Tous les membres du réseau se rencontrent deux fois par an, nous organisons des visites communes chez les distri-buteurs, les diffuseurs, nous avons des échanges avec les éditeurs pour qui nous sommes une -référence précieuse vu notre connaissance du secteur. Nous sommes unis par une même volonté d'exigence, de qualité. Nous refusons par exemple de développer des rayons d'occultisme ou de magie noire.

Comment faites-vous pour attirer le public dans vos librairies alors que l'ésotérisme gagne les librairies généralistes ?

Notre force, c'est le conseil. C'est d'autant plus vrai que depuis une dizaine -d'années, effectivement, notre spécialité s'est -beaucoup diluée : de grandes enseignes comme -Cultura ont ouvert des secteurs entiers dédiés au mieux-être, à l'ésotérisme, à la spiritualité, de nombreuses librairies généralistes font de même. En -parallèle, une offre pléthorique s'est -développée, certains éditeurs publient à tour de bras, et pas toujours des ouvrages de qualité. Après le succès de La vie secrète des arbres, tout le monde s'est jeté sur ce sujet et a décliné le concept jusqu'à l'écœurement. Notre rôle, c'est de savoir reconnaître et conseiller les ouvrages sérieux, qui font l'objet d'un vrai travail éditorial. C'est ce que nous faisons en -décernant chaque année, depuis 2000, le prix Alef, remis à un livre conforme à l'éthique que nous -défendons. Le -dernier -lauréat est Patrick Burensteinas pour Un -alchimiste raconte chez Massot éditions.

Nous organisons des -dédicaces, des conférences, avec des auteurs connus -justement, mais aussi avec des auteurs régionaux ou moins grand public, des stages, des séminaires. L'animation est primordiale, et tous ces événements qui permettent au public -d'expérimenter en direct élargissent -l'audience au-delà des cercles -habituels.

Comment gérez-vous la démocratisation de ce marché ?

On veut être exigeant, mais on ne doit pas non plus être élitiste et empêcher les novices de toucher à l'ésotérisme. Nous vendons par exemple des coffrets et autres produits d'appel du même genre, qui permet-tent de toucher un plus large public. Un coffret sur la lithothérapie peut être une bonne porte d'entrée pour commencer à s'intéresser aux pouvoirs des pierres. On voit bien que les lecteurs réclament des solutions concrètes, rapides, une sorte d'abécédaire à appliquer. Mais une frange de ce nouveau public est en quête d'authentique, de textes et d'ouvrages de référence. C'est là que notre expertise est fondamentale.

Quels sont vos projets ?

Nous voulons continuer à développer le portail de ventes marchand commun que nous avons développé en 2005 et refondu il y a deux ans (www.librairiesmieuxetreetspiritualite.fr), qui nous sert de vitrine. Et nous recherchons surtout de nouveaux adhérents sérieux. W

19.11 2018

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