Romans d'été

D'Hyères à Douarnenez, deux libraires vendent l'été

D'Hyères à Douarnenez, deux libraires vendent l'été

En première ligne de l'organisation estivale : les libraires. Côte atlantique ou méditerranéenne, ils restent de bon conseil.  

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Créé le 23.06.2025 à 18h40

Côté terres, les librairies vont se vider, assaillies par les bouffées caniculaires de l'été. Côté mer, on se prépare à accueillir le flux saisonnier des vacanciers. Brice Fontan, à la librairie L'Angle rouge, à Douarnenez, en Bretagne, souligne l'indiscutable prise de poids de ses clients, en livres de poche, au mois d'août, portée par la valeur ajoutée de la signalétique " avec des petits cœurs " sur les grosses - ou moins grosses - ventes qui ont raflé leur préférence dans l'année. Dans cette librairie collaborative, fréquentée par des estivants plutôt parisiens, CSP++, on préconise cet été " des valeurs sûres ", comme le premier Piergiorgio Pulixi, L'île des âmes, paru chez Gallmeister en 2021, chez Totem en poche, Amiante de Sébastien Dulude, à La Peuplade, Les éphémères d'Andrew O'Hagan chez Métailié, en lice pour le prix des Libraires, et leur meilleure vente, l'histoire féministe des sardinières de Douarnenez, Une belle grève de femmes d'Anne Crignon, paru en 2023 chez Libertalia. " Le féminisme et les questions de genre plaisent beaucoup ici, surtout aux jeunes, notamment le livre d'Adèle Yon, Mon vrai nom est Élisabeth, au Sous-sol [voir encadré], ou Vivre avec les hommes de Manon Garcia chez Climats. "

À Hyères, dans le Var, la population double en juillet et août. La journée de Coralie Chevillon, de la librairie Charlemagne, est à ce moment-là " très différente du reste de l'année ", avec des pics de fréquentation en " matin ou fin de journée " corrélés à la principale activité : la plage, qu'on y aille ou qu'on en revienne. Du sable entre les pages, des bouées dans les rayons, mais surtout l'accent porté sur " des poches pour la plage, des lectures faciles, sans prise de tête ". Ce que cherchent les touristes hyérois en franchissant le seuil de la librairie Charlemagne, c'est " s'évader du quotidien ".

Le juillettiste serait " plutôt détendu ", tandis que l'aoûtien s'annonce " plus compliqué ", sans qu'aucun ne puisse toutefois trouver son bonheur dans le lot des ouvrages fichés à la main, " même s'ils ne sont pas récents ". " C'est plus simple quand on a déjà lu un livre de le défendre avec passion et d'arriver à convaincre ", poursuit-elle. Détachée de la temporalité des sorties, Coralie a en tête ses trois " romans chouchous ". Un polar suédois, L'île de Yule de Johana Gustawsson (Calmann-Lévy 2023, Le Livre de poche 2024), en forme de huis clos, " parce qu'il y fait assez froid, et qu'on lit ça d'une traite, sans jamais savoir qui est le coupable ". L'île de Yule s'est vendu à 65 000 exemplaires, nous dit-on chez l'éditeur, qui espère bien gonfler les paniers moyens estivaux avec la nouveauté de la même autrice Les morsures du silence, paru en janvier avec un premier tirage à 25 000 exemplaires. Ensuite, Grandir un peu de Julien Rampin (Charleston 2021, Le Livre de poche 2022), " parce que c'est un roman qui fait du bien pour les jours qui font du mal. Tout le monde peut s'y identifier et je n'ai eu que des retours positifs ", explique-t-elle. Enfin, La passeuse d'histoires de l'Indienne Sejal Badani, chez Charleston. Trois générations de femmes, trois époques différentes, pour un roman qui a " transcendé " Coralie. " J'adore les romans de femmes, et celui-ci m'a touchée en plein cœur ", conclut la libraire. Difficile de ne pas se laisser convaincre.

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