Livre Paris

En France, des territoires ruraux perdus pour le livre?

De gauche à droite Philippe Lablanche, Mélanie Villenet Hamel, Véronique Heurtematte et Sebastien Amet.

En France, des territoires ruraux perdus pour le livre?

Comment faire en sorte qu'il n'y ait pas, demain, des territoires ruraux "perdus pour le livre" ? Le débat était au centre d'une table ronde sur le stand du Centre national du livre à Livre Paris, jeudi 17 mars dans l'après-midi. 
 

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Par Pierre Georges,
Créé le 17.03.2016 à 23h43

"En 2013, il y avait environ 2,5 millions de Français illettrés, la moitié vivant dans des zones rurales", a rappelé Véronique Heurtematte, chef de la rubrique bibliothèque de Livres Hebdo, en introduction d'une table ronde intitulée "Demain des territoires perdus pour le livre ?". Organisé sur le stand du Centre national du livre (CNL) à Livre Paris, jeudi 17 mars, le débat, qui a réuni une quarantaine de personnes, revenait sur les problématiques de l'éloignement géographique et culturelle des régions rurales françaises. "L'accès au livre est-il le même sur tout le territoire ? Y a-t-il des zones blanches du livre en France ?", a demandé Véronique Heurtematte. 
 
Des territoires délaissés 
 
"Dans mon département, qui compte moins de 200 000 habitants, il n'y a pas le choix : pour acheter un livre, il faut prendre la voiture et parcourir des dizaines de kilomètres, pour bien souvent ne pas le trouver et revenir chez soi le commander sur Internet", explique Sébastien Amet, libraire dans les Ardennes. Sa solution : une librairie itinérante comptant plus de 7000 références et qui parcourt les "territoires délaissés" dans le but "d'attirer les gens vers le livre". Le résultat dépasse ses espérances, et après un an, son entreprise est rentable. "Je suis partout accueilli à bras ouvert, je rencontre un public en attente, content d'avoir un accès au livre doublé d'un vrai service".  " Il est amusant de voir que les librairies deviennent mobiles alors que les bibliothèques suppriment leurs bibliobus ces dernières années", a noté Véronique Heurtematte.
 
"Ces "zones blanches", très concrètement, font parties de nos soucis quotidiens, et lorsqu'on regarde la carte de notre région, on voit très rapidement où il manque des bibliothèques, et où il faudrait les moderniser", a réagi Philippe Lablanche, conseiller livre et lecture de la Drac Franche-Comté, citant en exemple le "territoire fragile" de la Haute-Saône. "Mais nous rencontrons des difficultés avec certains élus dont l'intérêt pour la lecture est nulle et qui n'hésitent plus à l'assumer, voir même à en faire un thème électoral".
 
Un "tiers-monde" de la lecture publique. 
 
Mélanie Villenet-Hamel, directrice de la bibliothèque départementale de l'Hérault, territoire disposant d'un bon maillage en bibliothèques et en librairies même dans ses zones rurales, observe : "Peut-on vraiment se satisfaire d'une bibliothèque ouverte quelques heures par semaine ?". "Combattre les territoires perdus pour le livre, c'est aussi renforcer la bibliothèque comme premier service public, et le principal défi actuel est moins la construction de nouveaux équipements que la dynamisation des points de lecture". 
 
Au quotidien, elle a indiqué être également confrontée à des élus locaux souvent réticents, lui demandant : "Mais pourquoi investir dans la lecture publique puisqu'on trouve tout sur Internet aujourd'hui ?". " Je leur répond : pour le service, et car on a besoin d'un lieu pour se retrouver".

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
Les intervenants ont évoqué finalement la nécessité des partenariats avec les autres services locaux pour faire vivre les territoires ruraux. "C'est bien d'avoir des murs, encore faut-il les faire vivre. Nous avons besoin de partenariats, d'animations, d'actions de médiations, autant qu'une véritable qualité de service", a lancé Philippe Lablanche, appelant à multiplier les contrats de territoires lectures. "Il faut aller au contact pour toucher les populations éloignée du livre".
 
"Réinventons nos équipements ! Ré-dynamisons les !", pour les repenser comme un lieu au cœur de la cité, a conclu Mélanie Villenet-Hamel. 

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