Le chagrin et la pitié. « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent », mais à quel prix ? Anna et Thomas se posent la question depuis qu'ils ont perdu leur petit garçon, Gabi. Celui-ci s'est noyé sous les yeux désespérés de son père qui a pourtant tout fait pour le sauver. Thomas affronte l'adversité, ainsi qu'une « colère contre la terre entière, peut-être contre lui-même, la somme de ses défaites, les miettes de ses victoires ». Le couple en prend un coup. Tantôt il tangue, tantôt il semble soudé, mais chacun ressent les choses différemment. « Tout reste si fragile. Chasser le souvenir de l'accident est impossible, il est sous la peau... Il faut vivre avec, ou se foutre en l'air. Ils ont choisi de vivre », malgré le quotidien assombri par le chagrin. « Les hommes sont de plus en plus fragiles, pleurer serait une marque de courage. Alors, [Thomas] est un héros ». Or « sera-t-il, un jour, quelqu'un d'autre que l'homme qui a perdu son fils ? » D'autant qu'il est confronté à la juge d'instruction, Dominique Bontet, chargée de clore ce dossier et d'enquêter sur une affaire de violence conjugale. Cette femme a fait « ce choix d'écouter les malheurs des autres et de sonder les turpitudes de l'âme humaine ». Elle jongle avec ses émotions, s'interrogeant sur « les bienfaits de la vérité et les dangers du mensonge ». Journaliste à L'Obs, Fabrice Tassel décortique parfaitement la mécanique des sentiments, dans ce terrible suspense en forme de miroir social et intime. « Dans tout malheur, l'être humain doit apprendre de lui-même, qu'il soit auteur, complice ou victime. »