26 JANVIER - POLAR HISTORIQUE France

Contrairement à d'autres auteurs de la collection "Grands détectives", on ne peut pas dire qu'Elena Arseneva soit une stakhanoviste : sa série des enquêtes du boyard Artem n'en est qu'à son neuvième épisode, et le précédent, L'énigme du manuscrit, remonte déjà à 2003. Il y a peut-être une explication à cela, qui fait la qualité de chacun de ses livres : outre l'intrigue, tordue et sanglante à la fois, le contexte historique qu'a choisi l'auteure, la Russie de Kiev au milieu du XIe siècle, n'est pas très glamour, mais il est reconstitué avec une telle minutie qu'on se laisse emporter à grandes guides.

Née en Russie, installée en France et écrivant dans notre langue, Elena Arseneva participe de cette culture "à l'ancienne" de son pays, à la fois très russe, cosmopolite et polyglotte. Artem, le noble guerrier qu'elle s'est choisi pour héros, devenu conseiller privé du jeune prince Vladimir II, futur Monomaque, est un des personnages les plus attachants, les plus fins qui aient jamais été inventés. Un homme fort, droit, intransigeant, mais aussi sensible, prêt à pardonner toutes les folies de son fils adoptif, le courageux boyard Philippos, lequel se trouve être également un remarquable enquêteur, le meilleur auxiliaire de son père.

Le duo, toujours assisté de ses fidèles Varlets Vassili et Mitko, va cette fois se trouver confronté à un criminel particulièrement monstrueux, dont les premiers crimes remontent à plusieurs années. Il cible des jeunes filles, soit du peuple soit de la bonne société de Tchernigov, toutes nubiles et coquettes, et qui ont déjà connu le loup. Le modus operandi de l'assassin est toujours le même : séduire les filles avant de les attirer dans un lieu secret pour les tuer, et sa technique à la fois sauvage et symbolique. Il punit les "dévergondées" par où elles ont péché. Il frappe en pleine ville, très rapidement, et possède l'art de se fondre dans la foule. Seul indice à la disposition de nos amis : des arybales, petites fioles byzantines d'une essence rare, composite et indéfinissable donc forcément très onéreuse et qui ne se trouve pas partout dans Tchernigov, que le meurtrier utilise afin d'envoûter les sens de ses victimes. Un parfum de femme dont les origines remonteraient aux Adonies de la Grèce antique.

Artem, Philippos et leur staff, lointains précurseurs de la police scientifique, finiront, naturellement, par coincer l'assassin - c'est la loi du genre. Mais après s'être fourvoyés sur tant de fausses pistes que cela lui a laissé beaucoup de temps pour sévir. A la fin, la justice triomphe et Vladimir, futur grand prince de Kiev, une fois refermées ses tablettes de bouleau - l'ebook >de l'époque - est enchanté. Le lecteur aussi.

23.02 2015

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