12 mai > Roman Royaume-Uni

Ils sont en dernière année de lycée dans une banlieue anglaise de la classe moyenne blanche. Ils boivent beaucoup, se défoncent à toutes sortes de substances achetées sur Internet et sont obsédés par le sexe. Ils s’ennuient surtout. Jasper, 17 ans, le narrateur de La nuit, nous grandissons, suspecte le compagnon de sa mère d’avoir assassiné son ex-femme et tente d’écrire un roman. Il aimerait séduire Georgia Treely mais finit après quelques lignes de kétamine par coucher avec Abby Hall, une blonde potelée avec de grandes traînées d’acné luisante sur les joues". Il embobine une psy à qui il raconte qu’il est gay et membre du Ku Klux Klan. Entre les soirées d’orgies et des séances de masturbation devant des sites porno, il traîne avec ses potes dont Tenaya, une fille qui a "de longues coupures sur le haut des bras".

On présume que cette ambiance a été familière à Ben Brooks, né en 1992 et qui a déjà six livres à son actif. Il avait 19 ans au moment de la sortie de ce teen book dont le titre original est emprunté à la chanson Grow up (and blow away) du groupe de rock indépendant Metric.

Aux plus de 20 ans, cette version connectée de Dazed and confused paraîtra glauque et inquiétante. Je suis Holden Caulfield dans L’Attrape-cœurs, mais en moins irresponsable et en beaucoup plus beau", se décrit quant à lui ce Jasper "émotionnellement paraplégique §" qui se donne des airs d’apprenti sociopathe mais reconnaît avoir vu plus de fois Harry Potter (le film) qu’il n’a couché avec une fille.

Ben Brooks explore, à travers le goût de l’excès et le sens de la provocation de son jeune héros, la réalité d’une génération qui ne manque pas d’une plutôt saine autodérision. Des ados normaux au fond, qui se racontent des histoires, parce que ça fait aussi partie des rituels de passage nécessaires pour grandir. Véronique Rossignol


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