Placé sous le sulfureux patronage de Lou Reed, dont la chanson de 1974, Kill Your Sons, lui a fourni son titre, ce livre est celui du mal-être, du malaise adolescent, un thème inépuisable depuis que le roman existe. Mais revisité à la lumière d'un certain nombre de thématiques très contemporaines : la quête de l'identité, le genre, les abus sexuels, la violence...

Guillaume, le narrateur, dont l'auteur nous assure que l'homonymie est leur seul point commun, est un ado de 15 ans plus que perturbé. Il a quelques excuses : sa mère, elle le lui avouera plus tard, a été violée gamine par son père. Quant au garçon, il vient de décider de porter plainte contre son géniteur pour agression sexuelle lorsqu'il était tout petit. C'est son récit dans le bureau de la juge, s'achevant par une explosion de violence qui le ramènera à l'hôpital psychiatrique où il était interné depuis quelques mois, qui fournit la matière du livre. Le père, lui, un avocat minable qui s'était remarié, conteste les faits, mais sa vie a volé en éclats : il ne travaille plus, s'est mis à boire.

Tout cela, on l'apprend par bribes, au fil de saynètes rapides, qui esquissent des histoires : à l'HP, Guillaume, qui depuis tout gosse aime à se travestir, est tombé amoureux de Clément, son second amour, qu'il tentera de retrouver, dans un bien piteux état.

Difficile à résumer, Ils vont tuer vos fils est un roman expérimental dont le malaise, servi par une écriture asphyxiante, finit par se transmettre au lecteur. Sans doute le but recherché.