24 août > Roman France > Jean-Michel Guenassia

Paul Martineau a 17 ans, et il n’est pas précisément sérieux. Il faut dire que, chez lui, rien n’est banal. Il a deux mères : Hélène, dite Léna, fan de rock, motarde, tatouée et tatoueuse professionnelle (seulement pour les filles), lesbienne violemment anti-hétéro et pas vraiment maternelle ; et Estelle, dite Stella, plus mûre, plus posée, patronne "de gauche" d’un restaurant qui va petit à petit virer au cabaret. Paul, doué de l’oreille absolue, y joue du piano, le soir, pour se faire un peu d’argent de poche car Stella est radine. De la variété, tout ce que déteste sa mère !

Paul est beau et craquant. D’ailleurs, Alex, son seul copain au lycée, est tombé fou amoureux de lui. Loupé : en dépit de son allure androgyne, de son plaisir à s’habiller indifféremment en fille ou en garçon, Paul n’est attiré sexuellement que par les filles. Il se définit comme "lesbien". Et prend un vrai plaisir à fréquenter les boîtes lesbiennes où il espère tomber sur quelques belles "bi", comme Caroline, ou Mélanie, la psy à qui il va se confier. A sa mère, en revanche, pas un mot : elle le croit gay et en est très fière. La détromper causerait un séisme, vu son caractère emporté, excessif voire violent.

Cette petite famille très recomposée va connaître un certain nombre d’aventures, contées par Paul à la première personne : la tentative ratée de réconciliation d’Hélène-Léna avec sa famille, pieuse et bourgeoise, qu’elle a fuie à 16 ans ; les souffrances qu’il endure de la part de certains de ses condisciples homophobes ; ses premières amours, avec Hilda la pâtissière frivole ou l’inquiétante Yamina, soi-disant réfugiée syrienne, en fait, un loup dans la bergerie Martineau…

Mais ce qui fait tout basculer, c’est quand Paul, après que Léna, en crise, a quitté Stella et le domicile conjugal, s’est enfuie et a subi un grave infarctus, somme sa mère de lui raconter comment il a été conçu et qui était son père. Il va alors aller de surprise en surprise, au cours d’une quête rocambolesque. On n’en dira pas plus.

Très en forme, Jean-Michel Guenassia en fait des tonnes, dans cette comédie attachante sur un sujet fort contemporain, le "genre", sur quoi il invente des variations inédites. Quant au titre du roman, il faut attendre la toute fin pour le comprendre. Jean-Claude Perrier

Les dernières
actualités