2 janvier > roman France

Le héros du nouveau roman de Jean Mattern, le premier sous la couverture blanche de Gallimard, est un homme que les jeux Olympiques de 1972 ont rendu "presque célèbre" et donné à sa vie un virage imprévu. Quarante ans après les faits, Sebastian est sollicité par la BBC pour être consultant alors que se préparent cette fois les Jeux de Londres.

Marié à Viviane, inconsolable de la disparition de leur fille, Laura, onze ans plus tôt, Sebastian se met à vaciller. Jamais il n’a oublié ce qui est jadis arrivé à onze athlètes israéliens entrés tragiquement dans l’Histoire. Ni même ce qui lui est arrivé à lui. Quand il a croisé le chemin d’un certain Sam Cole, né à Durban, en Afrique du Sud, la veille de la cérémonie d’ouverture et de la confrontation de plus de cent vingt nations et sept mille sportifs de haut niveau.

Ce Cole à l’accent américain, il avait d’abord cru qu’il travaillait pour la radio israélienne. Avant d’apprendre qu’il avait en réalité la charge des rubriques "société" et "religion" d’un hebdomadaire new-yorkais. En août 1972, à Munich, Cole se trouvait être son voisin de l’appartement 55, dans la résidence où ils sont logés. Des jeux Olympiques en Allemagne, cela n’était pas rien. Trente-six ans après ceux de Berlin et "après le détournement de l’idée olympique au profit de la prétendue supériorité de la race aryenne".

Responsable des sujets culturels et spécialiste de l’Allemagne pour la BBC, Sebastian ne connaît pas grand-chose au sport. Il ne doit pas rendre compte de la compétition mais plutôt en montrer les à-côtés. Ce qui ne va pas l’empêcher d’approcher Mark Spitz, moustachu de vingt-deux ans qui ambitionne de devenir le meilleur nageur de tous les temps et de rafler le plus possible de médailles d’or. Face à Cole, Sebastian se sent d’emblée emporté, et comprend qu’il est en train de découvrir une part de lui-même jusqu’ici inconnue. Avant que les "Jeux Joyeux" voulus à Munich ne volent en éclats. Que le terrorisme entre en scène quand le commando palestinien Septembre noir prend en otage au village olympique des membres de l’équipe israélienne et que Golda Meir refuse de céder au chantage.

Le regard de Jean Mattern sur cet événement tragique ne ressemble en rien à celui d’un Steven Spielberg dans son film Munich. L’auteur des Bains de Kiraly (Sabine Wespieser, 2008) et de Simon Weber (Sabine Wespieser, 2012) confronte ses protagonistes à une double violence. Et séduit avec l’évocation d’une étrange passion que les années n’effaceront jamais.

Alexandre Fillon

07.11 2014

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