Sur le site de GGP Media, l’une des plus grosses imprimeries outre-Rhin, installée à Pößneck en Thuringe, on peut lire : "Vous prévoyez un best-seller ? La prochaine grosse sensation ? Mais avant sa publication, vous avez besoin d’une discrétion absolue pour créer un vrai coup médiatique ?" C’est dans cette entreprise, rachetée en 1990 par Arvato, filiale de Bertelsmann, qu’a été imprimé dans le plus grand secret le premier tirage de Merci pour ce moment de Valérie Trierweiler.

Chez GGP, le silence est d’or, tant la discrétion compte pour cette société et ses mille employés. Autre atout de GGP Media, sa force de frappe : 900 000 livres et 180 000 magazines y sont imprimés chaque jour, soit 8 livres par seconde. Il paraît loin le temps de la RDA, où l’on produisait sur ce site l’annuaire de Moscou… En 2012, la société a vu passer sur ses rotatives 8,9 millions d’exemplaires de Fifty shades. Mais c’est grâce à Harry Potter qu’elle a assis sa réputation (en 2007 avec Les reliques de la mort). La Süddeutsche Zeitung décrivait alors les conditions draconiennes entourant les ouvrages de J. K. Rowling publiés par Bloomsbury : fouille des salariés avant et après le travail, production dans le noir pour éviter les fuites, présence d’une quarantaine de vigiles pour surveiller les entrepôts de stockage… Et un salarié avouait son sentiment de travailler à un "manuel d’instruction en vue d’une guerre nucléaire". Aujourd’hui, les salariés de la société sont préoccupés : des rumeurs annoncent la suppression possible d’une centaine de postes et un plan d’économie d’une dizaine de millions d’euros.

Un commande bienvenue pour Floch

Pour les réimpressions, la nécessité d’aller vite a remplacé l’impératif de discrétion. L’éditeur a fait appel à plusieurs imprimeurs français, dont le groupe CPI et Floch, spécialisés dans le livre et qui disposent de chaînes de fabrication en continu. Le premier signale qu’il a reçu une commande de 100 000 exemplaires, répartie dans ses trois sites pour en accélérer le traitement. Floch ne précise pas le volume du retirage, de plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, bienvenu pour cette imprimerie en redressement judiciaire.

G. B à Berlin et H. H.

19.09 2014

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