10 mars > Roman historique France

Parmi les grandes courtisanes de l’histoire, Virginia Vérasis, comtesse de Castiglione, occupe une place particulière. Non point tant par ses succès, quoique aucun homme n’ait pu lui résister depuis son adolescence florentine quand elle séduisit les trois frères Doria, jusqu’à sa maturité quand, à 20 ans, elle devint la maîtresse de l’empereur Napoléon III et sa favorite. Que par son intelligence (on a prétendu qu’elle était une espionne de Cavour en "mission spéciale" à la cour impériale) et, surtout, la conscience du pouvoir que sa beauté exerçait sur la gent masculine. Sans pudeur aucune, elle se fit photographier durant toute sa vie, afin d’immortaliser ses charmes. Et même lorsque fut passé le temps de sa splendeur, elle avait coutume de dire : "Je suis l’inoubliable."

C’est autour de cette femme d’exception que Jean-Christophe Duchon-Doris, haut magistrat dans le civil, a imaginé une intrigue criminelle croustillante. Avec un serial killer qui exécute des sosies de la comtesse, habillées comme elle l’était ce soir de janvier 1856, en pleine gloire, lors du bal donné aux Tuileries par leurs Majestés. Elle avait alors valsé dans les bras de son impérial amant.

Comme toujours chez Duchon-Doris, la reconstitution est minutieuse : le milieu de la mode avec ses couturières, ses plumassières ou brodeuses. Ces fameuses grisettes pauvres et peu farouches, proies pour des pervers sans scrupule : photographes dévoyés comme Pierson, débauchés comme Gamel Pacha, maris cocus comme François, le comte de Castiglione, ou encore amoureux éconduits, comme Marcello Doria. L’un d’entre eux serait-il le psychopathe qui en veut tellement à la comtesse qu’il l’exécute par procuration à plusieurs reprises avant de s’attaquer à elle en personne ? C’est ce mystère que va devoir élucider Dragan Vladeski, jeune prince croate devenu inspecteur de police - mais avec tact : certains suspects gravitent dans des cercles très proches du pouvoir. Le tout dans un Paris en pleine métamorphose, grâce au baron Haussmann.

Suspense à tiroirs, rebondissements multiples, parfum de scandale, charme féminin, tout est réuni ici pour faire de La mort s’habille en crinoline un polar historique modèle du genre. J.-C. P.

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