"Je préfère vendre partout où c'est possible"

"Je préfère vendre partout où c'est possible"

Marchés, salons, écoles, bibliothèques, à domicile... Pour reconquérir les clients qui désertent les librairies, Mari-Maël Tanneau, fondatrice de Maribrairie à Concarneau, choisit d'aller à leur rencontre.

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Par Cécile Charonnat,
avec Créé le 13.02.2015 à 18h03 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Mari-Maël Tanneau- Photo CÉCILE CHARONNAT

Pour cause d'accouchement imminent, Mari-Maël Tanneau n'a pas pu participer à la journée Passion commerce organisée le 30 janvier au Carrousel du Louvre par le réseau des chambres de commerce et d'industrie (CCI) de France. Visant à mettre le commerce de proximité en avant, cette manifestation rassemblait les commerçants repérés par les CCI régionales pour leur dynamisme et leur capacité d'innovation. Seule libraire sélectionnée pour toute la France, la trentenaire y a malgré tout défendu les couleurs de la profession au moyen d'un film de quelques minutes présentant ses différents canaux de vente, heureuse de "pouvoir mettre en lumière un métier qui souffre et dont on ne montre pas suffisamment les aspects dynamiques ou innovants ».

A la tête de Maribrairie, sa librairie spécialisée pour la jeunesse qu'elle a ouverte en 2006 à Concarneau, Mari-Maël Tanneau a choisi le multicanal pour reconquérir une clientèle qui ne vient plus, ou pas, en magasin. "Je ne me vois pas attendre toute la journée les clients à la boutique et je préfère vendre partout où c'est possible. Il me suffit juste d'adapter mon assortiment et ma pratique de la vente aux différents lieux où je me trouve. Je ne vends pas de la même façon dans un salon et dans la librairie, parce que la clientèle y est différente et pas dans les mêmes dispositions. »

Présente sur les marchés régionaux - elle s'y rend environ 130 fois par an -, elle y capte, grâce à ses huit mètres de linéaires et à plus de 400 références ciblées, la clientèle touristique qui ne vient pas jusque dans son magasin de 70 m2, situé à la lisière du centre-ville. Une fois par mois, voire plus, elle participe également à des salons ou organise des journées thématiques dans les écoles et les bibliothèques. Ces manifestations lui permettent de concilier chiffre d'affaires - elle y vend en moyenne un quart de son assortiment présent, entre 400 et 3 000 livres selon les événements -, rencontres et dédicaces avec des auteurs et des illustrateurs, et travail pédagogique sur la chaîne du livre.

LIBRAIRIE À DOMICILE

Pour ses clients locaux, elle a mis en place à la fin de l'année dernière un service de librairie à domicile. Elle propose de se rendre gratuitement chez un particulier où elle présente une sélection, soit de nouveautés et de coups de coeur, soit thématique sur un sujet préalablement défini avec les participants. "Je n'ai rien inventé. Je me suis juste inspirée de ce qui se fait dans d'autres secteurs. Le livre se prête d'ailleurs très bien à cette formule, c'est un excellent support pour instaurer de la convivialité et une ambiance chaleureuse, propice aux échanges et aux achats », souligne la libraire. Sans aucune communication, Mari-Maël Tanneau a déjà quatre visites à son actif, suivies d'achats et de commandes, et trois sont prévues au printemps.

En plus de tous ces déplacements, elle ne délaisse pas Internet, blog, page Facebook et site marchand, même si le succès y est moins probant. "Les ventes y sont minimes, les clients y arrivant souvent via les petits éditeurs avec lesquels je travaille beaucoup. L'idéal serait d'être présente sur un gros canal de diffusion, mais cela me demanderait alors une logistique que je ne pourrais pas gérer toute seule », reconnaît la libraire qui cherche avant tout à s'adapter à ces nouveaux outils et aux pratiques qu'ils engendrent, et à les utiliser "avec intelligence pour promouvoir le livre en toute occasion ».

13.02 2015

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