Jean-Edern Hallier ressuscité par Michalon et France 5

Jean-Edern Hallier ressuscité par Michalon et France 5

Tandis que Michalon s’apprête à publier ses Fax d’Outre-tombe, France 5 lui consacre un documentaire spécial.

Par Vincy Thomas
avec vt Créé le 15.04.2015 à 19h12

Décédé le 12 janvier 1997, le journaliste et écrivain Jean-Edern Hallier revient dix ans plus tard grâce à ses deux médias de prédilection : l’édition et la télévision.

En guise de cadeau d’anniversaire posthume, plusieurs publications autour du polémiste sortent dans les prochains jours (voir aussi LH n°671, p 10). Parmi elles, Fax d’Outre-tombe, Voltaire tous les jours 1992-1996 (Michalon) en librairie depuis le 4 janvier.

Il s’agit d’un recueil des télécopies (des « envois télématico-voltairiens » selon ses propres termes) dont il abreuvait ses correspondants. Le fax était à la fois courrier et journal, ou selon ses termes, un « récit des petites humiliations. » A Claude Cherki (Le Seuil), il définissait ainsi ces lettres : « Il paraît que je vous insulte par fax. C’est un instrument littéraire qui permet ce jeu humoristique et qui rappelle la grande période des papillons surréalistes. »

L’épais document révèle ses rages, ses frustrations et ses angoisses. On y croise des politiciens (les Chirac, Nicolas Sarkozy et leur ami Brice Hortefeux, Bernard Pons, Jean-Jacques Aillagon), des journalistes ou écrivains (Franz-Olivier Giesbert, Jean d’Ormesson, Jean-Marie Rouart, Patrick Poivre d’Arvor) ainsi que de nombreux patrons d’édition comme Jérôme Lindon, Antoine Gallimard, Francis Esménard, Michel Lafon… Deux fax retiennent l’intention : celui pour Mitterrand en 1994 et un autre adressé à François Pinault, où Jean-Edern Hallier lui parle de … la Fnac !

Trois grands sujets l’ont bien occupé durant cette période : ses déboires avec son éditeur Albin Michel, la candidature présidentielle de Jacques Chirac (qu’il a ouvertement soutenu), ses guerres judiciaires (Josyane Savigneau, Bernard Tapie) et leurs conséquences. Certains passages sont grisés à l’initiative de l’éditeur. Le collectif des amis de Jean-Edern justifie ainsi ces maquillages dans la préface : « Certaines de tes lettres (…) seront ostensiblement « caviardées » en gris sur fond blanc, dénonçant une dernière fois ce que seul le cœur des diseurs de vérité peut comprendre. » Hallier avait usé du procédé dans La force de l’âme (Les belles lettres).

Ces multiples envois dessinent une personnalité contradictoire où il est tout à la fois : victime et offenseur, flagorneur et travailleur, harceleur et courtois, ruiné (persécuté par les Huissiers et le Trésor public) et privilégié (des week-ends en Corse, dans les palaces de Venise et Deauville…). On devine ainsi l’amertume d’un écrivain jamais vraiment reconnu par ses pairs (du Goncourt à l’Académie Française, il dévoile quelques aspects de leurs coulisses).

Le 11 janvier, France 5 lui dédiera une soirée spéciale avec un portrait de 52 minutes réalisé par Frédéric Biamonti. Le documentaire s’intéresse particulièrement à l’homme de lettres et apporte les témoignages de Pivot, Kahn, Sollers, Moix, Sportès ou encore Lang, Zéro ou encore Ardisson.

Jean-Edern Hallier : Journal d'outre-tombe (Michalon)

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