Flic toujours. Jérémie Claes, caviste qui vit entre la Belgique et la Provence, avait imaginé dans son premier roman -L'horloger (Éditions Héloïse d'Ormesson, 2024) un héros âpre et brutal, Bernard Solane. Ce commissaire de police en retraite, anarchiste révolté par la mauvaise marche du monde, n'hésitait pas, depuis son village de Gourdon dans l'arrière-pays grassois, à reprendre du service pour redresser quelques torts, avec l'amicale complicité de Victor Daumergue, ex-directeur de la Police nationale, son ancien patron.

Voici le duo de retour, projeté crûment dans la triste réalité : un jour, se baladant sur la plage de la Bocca à Cannes, ils découvrent pas moins de quarante-deux cadavres de migrants africains, terriblement mutilés, exécutés à l'arme blanche avant d'avoir été brûlés. Il ne saurait s'agir cette fois d'un classique naufrage en Méditerranée. Flics un jour, flics toujours, les compères vont remuer toute la boue de la Côte d'Azur, tenue par le Rassemblement patriotique de Marie-Louise Prigent et sa nièce la députée Anaïs, se faire quelques ennemis, risquer leur peau. En revanche, ils vont aussi rencontrer Jasmine Rivière, l'héritière au grand cœur de la Roya, qui porte secours aux clandestins comme Moussa, le jeune Ivoirien qui a vu Satan...

Jérémie Claes a réussi un thriller efficace, nerveux, très dialogué, aux intentions politiques évidentes, un peu archétypal parfois. On espère que Solane sera en état de vivre d'autres aventures.