Aller à la rencontre du public là où il se trouve : c’est l’objectif qui pousse un nombre croissant de bibliothèques à sortir de leur cadre naturel, les murs de leur établissement, pour s’installer dans des lieux de grand passage, souvent avec des dispositifs légers et innovants. Ce sont quelques-unes de ces expériences parmi les plus significatives qui étaient présentées à Bordeaux le 19 novembre lors d’une journée d’étude organisée par la Bibliothèque publique d’information (BPI). Au Havre (76), 7 relais-lecture, petites unités de lecture publique mobiles, sont installés dans différents équipements comme les missions locales, les permanences des élus, les clubs de sport, tandis que les « livres nomades », des ouvrages retirés des collections des bibliothèques, sont mis à disposition dans des meubles sur roulettes dans une soixantaine de lieux publics (cafés, commerces, piscines, hôpitaux). Chose rare et motif de satisfaction pour les bibliothécaires, à Bordeaux, c’est la Maison de l’emploi qui a démarché les bibliothèques municipales, identifiées comme un réseau de proximité, pour y installer des permanences de conseil à la création d’entreprise. Abdessamad Baazizi, de la Maison de l’emploi, se réjouit de cette collaboration, même si elle n’a pas été d’emblée évidente. « Certains bibliothécaires se demandaient ce qu’on venait faire dans leur monde et priaient nos conseillers de ne pas parler à voix haute pendant leur permanence », se souvient-il.
Des espaces partagés
L’autre moyen d’attirer un public est de partager le même espace avec d’autres structures. Ce sera le cas au Bouscat (33), où la médiathèque et la maison de la vie écocitoyenne et associative ouvriront en 2015 dans le même bâtiment avec des locaux spécifiques et des espaces mutualisés (accueil commun, auditorium), de même que dans le futur centre culturel intercommunal du bassin de Lacq (64) qui regroupera une médiathèque, un cinéma, une galerie d’art, une compagnie de théâtre et un musée. A Nîmes (30), une bibliothèque du réseau municipal est implantée depuis quinze ans dans le cadre d’un partenariat au rez-de-chaussée d’une unité de gérontologie du CHU, servant de véritable trait d’union entre l’hôpital et la cité. L’originalité de cet établissement est d’accueillir à la fois les résidents de l’hôpital, avec des collections spécifiques pour ce public, et de jouer à part entière le rôle d’annexe de quartier.
Véronique Heurtematte