14 mars > Récit de voyage France

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Après l’Inde, qui demeure sa terre de prédilection, ou encore le Japon, autre séjour d’élection, le péripatéticien Olivier Germain-Thomas porte cette fois ses pas vers l’Indonésie, où marcher se dit makan angin, « manger le vent ». Ses temples, ses volcans, et ses îles, puisque Indonésie vient d’Indus Nesos, « Iles de l’Inde ». Comme à son habitude, Germain-Thomas pérégrine et digresse, médite et philosophe, mais sans se prendre au sérieux. Attitude salutaire symbolisée dans ce livre par des dialogues avec Moustiky, un petit dieu impertinent, à la fois Jiminy Cricket et esclave romain dont le rôle était de rappeler à César, triomphant sur son char, qu’il demeurait mortel. Féru d’Asie, Germain-Thomas ne renie en rien ses origines, sa culture (christianisme compris), encore moins la France et sa langue. C’est cette fermeté sur ses fondamentaux qui lui permet d’aller vers l’autre, d’être réceptif au monde.

Le périple commence à Borobudur, au pied du volcan Merapi, honoré comme un dieu par les autochtones. Bien qu’islamisée il y a cinq siècles et devenue le premier pays musulman du monde, l’Indonésie fut terre hindoue, puis bouddhiste, et, selon les îles, ces deux religions demeurent ancrées dans les esprits et les mœurs. Le temple est si vaste, si impressionnant, que Germain-Thomas éprouvera le besoin d’y revenir une seconde fois, après Bali l’hindoue, Solo la musulmane, et avant Bandung sous la pluie, ou Jakarta, la capitale sans trottoirs. Au passage, un dialogue (musclé) avec un intégriste musulman, un Sindhi du Pakistan, une rencontre avec Salima, péripatéticienne venue du 9-3, qui l’embarque dans une embrouille risquée, et une évocation des écrivains au tropisme asiatique, ses maîtres : Claudel, Malraux, Michaux, auxquels Olivier Germain-Thomas ajoute Morand. La songerie finale se tient au Raffles de Singapour, notre ami ne dédaignant pas le calme, le luxe et certaines voluptés. A la fin, transitant à Dubai, le pérégrin nostalgique stigmatise la standardisation et la globalisation du monde, sa vulgarité, pour mieux célébrer la philosophie bouddhiste et son concept de vacuité (shûnya, en sanskrit). Un vade-mecum pour tous les voyageurs du monde. J.-C. P.

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