La campagne du premier tour des municipales s'achève. Les transports, la pollution, la vie économique, le logement social auront été des thématiques de débat mais les politiques culturelles ? On a peu ou pas constaté de polémiques sur ce sujet. Pourtant, les dépenses culturelles pour la culture relèvent pour plus d'un tiers des communes. On pourrait donc penser que cela donnerait lieu à échanges dans le cadre de la démocratie locale. Force est de constater que ce n'est pas le cas. Cela signifie-t-il qu'il existe un consensus au-delà des clivages partisans sur ce domaine ? On pourrait s'en réjouir en décelant alors le signe d'une unité autour de ces enjeux. On peut aussi imputer cette situation à la faiblesse relative du budget de la culture (moins de 10% en moyenne du budget municipal) et à des dépenses souvent largement consacrées à des salaires. A quoi bon débattre pour une si faible fraction du budget municipal consacrée surtout à payer du personnel ? Il se pourrait aussi que les politiques culturelles suscitent peu de débats car elles sont en réalité souvent définies par les professionnels de la culture. Ils savent ce qu'il faut proposer à la population et attendent des élus moins qu'ils fixent une orientation qu'ils leur donnent les moyens de mettre en oeuvre leur « programmation » ou « politique ». Dès lors, la politique culturelle apparaît davantage comme un arrangement entre élus et professionnels que comme la traduction d'une volonté politique. Les élus se gardent d'en faire un objet de débat public de peur d'être taxé de populisme de la part des professionnels dont ils sont socialement proches ou dont ils redoutent le pouvoir de nuisance. L'inconvénient de cette situation réside dans le caractère éloigné de la politique culturelle vis-à-vis de la population. Il lui est difficile d'adhérer à une politique qu'ils vivent comme étant définie par d'autres. Les conditions sont alors réunies pour entraver une légitimation publique de cette politique. Pourtant de belles questions seraient possibles, par exemple dans le domaine de la lecture publique : à quoi sert une bibliothèque aujourd’hui ? Doit-elle toucher effectivement toutes les catégories de population ou se satisfait-on de discours ? Quelles missions confier au personnel ? La bibliothèque forme-t-elle une île (une presqu'île) par rapport à l'école, au commerce du livre ou aux influences médiatiques ? voir aussi Focus : C'est encore loin la mairie?
15.10 2013

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