20 août > Premier roman France

Que faire à Djibouti lorsqu’on est légionnaire et qu’on s’apprête à partir ? Ce que font les militaires en général dans ce genre de circonstances, y compris les capitaines, comme Markus le narrateur : se réfugier dans un bar pour se saouler, se battre, baiser. Et aussi se remémorer, en les télescopant avec un présent chaotique qui dérape de plus en plus au fur et à mesure que la nuit avance, quelques moments, quelques silhouettes, qui s’estompent déjà sous l’effet conjugué de "l’épouvantable chaleur" et de l’alcool.

Nuit de beuverie, de débauche et de dégoût pour Markus, donc, en compagnie du lieutenant Maronsol, du capitaine Gallardo, nostalgique de son premier amant, un "beau légionnaire slovaque", du caporal Pachot, l’homo du régiment qui manque de passer un sale quart d’heure, de Pierrick, frère du "fou du marché aux moules" devenu braqueur par amour pour une Egyptienne muette. Ou encore de Thérèse, la malheureuse femme d’un colonel. Délaissée par son époux, elle a reporté tout son amour sur Snoopy, son labrador, lequel vient de mourir. Markus va l’aider à l’enterrer, au terme d’une des scènes les plus hallucinantes du roman. Avec celle du "combat de têtes" improvisé. Face à ce monde brutal, le héros trouvera une espèce de consolation dans les bras d’Araksan, la prostituée au grand cœur amoureuse de lui au point de lui prêter de l’argent.

Saynètes et flash-back s’enchaînent à un rythme souple dans ce livre singulier tant par son cadre, si prégnant, et ses personnages, que par ce mélange d’élégance dans l’écriture et d’extrême crudité, parfois, du propos. L’auteur, le chtimi Pierre Deram, polytechnicien de 26 ans, a séjourné en Afrique dans le cadre de ses études. Il en est revenu écrivain.

J.-C. P.

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