Depuis ce mardi 13 mai, Larousse laisse en consultation gratuite sur Internet le contenu de son dictionnaire encyclopédique, actuellement sous forme de DVD, dont il se vend encore 10 000 coffrets par an. « Nous offrons un contenu validé de 150 000 articles, que nous allons maintenant enrichir en continu : 8 000 articles sont actuellement en cours de révision. D’autre part, sur la moitié droite des pages de larousse.fr, le site recevra les contributions d’internautes », explique Line Karoubi, directrice adjointe du département dictionnaire et encyclopédie de l’éditeur, filiale d’Hachette Livre.
La condition de cette juxtaposition, qui mêle dans une expérience unique édition de référence et contributions collectives à la mode de Wikipedia, est que les internautes s’enregistrent et s’identifient dans un espace personnel sur le site de Larousse. Leurs articles ne seront pas modifiables, sauf par eux-mêmes. Ils pourront recevoir avis et commentaires d’autres internautes, et être alertés sur les modifications de contenus de sujets qui les intéressent. L’identification sert à responsabiliser les contributeurs, pour éviter les dérapages, mais Larousse a également mis en place un système d’alerte sur des thèmes sensibles, et prévoit de retirer des contributions qui se révéleraient diffamatoires, racistes, négationnistes, etc.
Une quarantaine de personnes participent à ce projet, dont près d’une vingtaine en interne. La maison a embauché des développeurs pour la partie technique. Quelque 300 bêta-testeurs ont apporté des contributions pendant la période de rodage. Le véritable enjeu se trouve dans le référencement des moteurs de recherche, qui commandera le volume de trafic sur Larousse.fr et son éventuelle rentabilisation à l’aide de la publicité. Actuellement, une interrogation sur un sujet général à partir de Google, Live Search ou Yahoo ! donne presque toujours la priorité à Wikipedia.
Dans un premier temps, Larousse compte sur la réputation de sa marque,pour développer l’usage de son site en interrogation directe. Bousculés par l'information gratuite diffusée sur Internet, les éditeurs d'encyclopédies multiplient les expériences. En Allemagne, Brokhaus avait annoncé la fin de l'édition papier au profit de la mise en ligne gratuite, mais a fait machine arrière. Bertelsmann a annoncé un accord avec Wikipedia pour éditer sur le papier un dictionnaire reprenant les 25 000 entrées les plus consultées de la version allemande de l'encyclopédie sur Internet. Aux Etats-Unis, Britannica (également propriétaire d'Universalis en France) ouvre gratuitement tout son contenu aux blogueurs, sous réserve qu'ils acceptent de s'enregistrer. Dans ce cas, l'objectif est de générer des liens et des citations vers le site de l'encyclopédie de langue anglaise, de façon à la faire remonter son référencement dans les moteurs de recherche.
Le nouveau site
