23 FÉVRIER - ROMAN Argentine

Pablo De Santis- Photo PHILIPPE MATSAS/GALAADE

C'est peut-être le plus pénétrant dans ce roman à la narration prenante et souple : cette atmosphère surannée que Pablo De Santis installe dans un Buenos Aires rétro, la splendeur décatie de la grande ville portuaire dans les années 1950, ses pensions, ses cinémas, ses cafés, ses hôtels abandonnés, ses vastes maisons bourgeoises et ses boutiques sombres pour collectionneurs, qui offrent un décor très visuel pour éprouver l'oppression d'un joug invisible.

La soif primordiale, le cinquième roman de l'Argentin publié par Anne-Marie Métailié, est une histoire de vampires qui revisite la légende en inventant des suceurs de sang traqués, reclus et hâves. C'est le récit initiatique d'un jeune homme entrant malgré lui dans la communauté de ceux qu'on appelle "les antiquaires", amateurs de vieux objets en tous genres, comptant notamment des libraires de livres anciens et un inquiétant "Numismate"...

Santiago Lebron, jeune provincial auparavant responsable dans un quotidien d'une rubrique consacrée à l'ésotérisme, en réalité antenne de renseignements de l'inquisiteur "ministère de l'Occulte", apprend à vivre l'interminable quotidien de ses congénères qui doivent en permanence résister à la soif de sang et qui, si leurs pulsions ne sont pas contenues grâce à un élixir, sorte de méthadone pour drogués à l'hémoglobine, sont contraints à une dangereuse chasse au sang frais. Traque qui menace non seulement la sécurité des membres de la communauté, mais aussi celle de tous les humains, dont la belle Luisa que les antiquaires sont condamnés à convoiter d'un amour impossible.

L'auteur du Cercle des douze (2009) conduit avec beaucoup de maîtrise ces histoires de saigneurs version argentine, persécutés et mélancoliques, et le surnaturel paraît dramatiquement naturel.

Les dernières
actualités