16 janvier > Roman France > Brahim Metiba

Après Ma mère et moi et Je n’ai pas eu le temps de bavarder avec toi, ses deux fictions autobiographiques parues en 2015 à quelques mois d’intervalle, Brahim Metiba clôt sa trilogie familiale par un drame allégorique articulé autour de la relation entre deux frères : Tamino et son cadet Papageno. Toujours aussi bref mais moins réaliste et plus lyrique que les deux textes précédents, La voix de Papageno conte un drame en dix-sept tableaux et un prologue. La tragédie se noue dans deux lieux chargés de culture et d’histoire : Haz, une légendaire cité antique qui ressemble à Palmyre, et la ville de Stipra, qui "appartenait à un grand empire désormais éclaté en petits pays qui ne manquent pas de se faire la guerre une fois tous les cinquante ans". Cette dernière abrite un théâtre baroque, héritage d’une époque coloniale, et c’est sur sa scène que Papageno voit à 5 ans son frère aîné chanter. Dans le public extasié et très féminin, il y a l’amoureuse de Tamino, Nadja, 16 ans, jeune fille timide qui tient la main du tout jeune Papageno ému. Nadja dont le père archéologue a été décapité à Haz par un "groupe d’hommes barbus et habillés de noir" qui ont pris la ville.

Derrière la figure imposante de ce frère que Papageno regarde et vénère comme un dieu, on retrouve ces liens familiaux marqués par les non-dits et les silences que l’écriture de Brahim Metiba sait si justement faire entendre. Mais à cette histoire d’admiration et de rivalité intimes, l’écrivain algérien né en 1977 et installé en France depuis plus de vingt-cinq ans ajoute une dimension plus violente et de plus grande portée qui donne écho à la voix des opprimés. Véronique Rossignol

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