22 août > Premier roman France

Le narrateur et héros du premier roman de Fabien Prade n’est guère plus âgé que celui du Diable au corps, de Radiguet, chef-d’œuvre mais aussi roman générationnel. Et il est tout aussi immoral. Mais d’une façon plus « moderne », et la comparaison s’arrêtera là.

Théo, donc, est un fils de bourgeois cathos de gauche, un glandeur professionnel qui tue son temps à mater et draguer les filles, picoler et faire la « fête », et s’adonne assidûment à la ganja. Herbe qui, par ailleurs, lui fournit une certaine aisance financière : pas vraiment dealer, notre nouvel ami fait office de modeste « dépanneur » pour les consommateurs des beaux quartiers. Déluré, macho, obsédé sexuel, horripilant de suffisance et d’égoïsme, seul son humour le sauve. Un jour, par hasard, il croise Diane, une fille de la grande bourgeoisie, dont il tombe illico raide amoureux. Mais la belle est fiancée à Max, un garçon bien sous tous rapports, façon gendre idéal. Leur mariage doit suivre bientôt.

Alors Théo va se lancer dans une folle entreprise : conquérir sa belle, tout en semant la zizanie dans son futur couple. Pour ce faire, il s’immisce, rencontre Max, avec qui le courant passe bien (trop bien), et essaie de le débaucher. Alcool, jeu, drogue, teufs, filles ? Mais le garçon, décidément nickel, résiste à toutes ses tentatives, y compris au dîner en trio qu’il était parvenu à goupiller. Un fiasco. Et le temps presse : les bans vont être publiés… L’amoureux transi et obstiné n’hésite plus : il manigance une grosse traîtrise. Parviendra-t-il à ses fins, ou un obstacle imprévu le ramènera-t-il à un peu plus de raison et de droiture ? Suspense…

Parce que tu me plais est une jolie comédie dans l’air du temps, où certains jeunes bobos se retrouveront. Fabien Prade, tout juste trentenaire, journaliste « chébran » devenu scénariste, a du talent, de la verve, et un sens certain de la satire. Un seul bémol : certaines de ses phrases mériteraient une version sous-titrée, par exemple : « Sa weed était presque fluo, rarement vu une skunk aussi chimique de ma vie. » Yo !

Jean-Claude Perrier

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