GRAND PRIX

Le Havre : "Comme un livre qui ne se refermerait jamais"

Erik Orsenna, président du jury, et Gilles Gudin de Vallerin au moment du vote. - Photo OLIVIER DION

Le Havre : "Comme un livre qui ne se refermerait jamais"

Pour sa troisième année, le grand prix Livres Hebdo des Bibliothèques a couronné un réseau tout entier, celui de la ville du Havre, pour son énergie et son implication dans la vie de la cité normande. Le jury présidé par l'écrivain Erik Orsenna, de l'Académie française, a également distingué les bibliothèques de Mandeure dans le Doubs et de Fougères en Ille-et-Vilaine, la BDP du

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Par Christine Ferrand,
Laurence Santantonios,
Créé le 30.10.2014 à 11h36 ,
Mis à jour le 11.12.2014 à 11h46

L'ambitieux plan lecture Lire au Havre a démarré en fanfare avec la première édition du festival Le Goût des autres en janvier 2011. Il est rare qu'une ville investisse en même temps dans des actions aussi diverses autour du livre en proposant des équipements et des actions qui s'articulent entre eux : construction en cours d'une grande médiathèque dans le mythique Volcan de Niemeyer, modernisation des établissements de quartier, création d'une douzaine de points lecture d'ici à 2014 répartis dans toute la ville, manifestations hors les murs (Lire à l'air libre, livres nomades, cyclocargos, malle de livres...), programmation d'événements réguliers avec des écrivains (Un livre, un lecteur) tout au long de l'année, découverte des arts avec le musée du Havre (Peintures vagabondes), résidences pour écrivains et artistes, dotation des centres de documentation à l'école, jury de lecteurs, etc. "Lire est d'abord un plaisir, a déclaré le maire Edouard Philippe en lançant ce plan sur trois ans en 2011, et cette politique prend place au coeur du projet municipal avec les acteurs havrais : librairies, associations, commerçants, université, école d'art, etc., ainsi que des partenariats avec l'Education nationale."

Le stand de "Lire au Havre" au coeur de la fête du quartier d'Aplemont.- Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUES DU MANDEURE

Une dynamique a donc été lancée pour que le livre et la lecture innervent l'ensemble de la ville avec des moyens importants par ces temps de crise : autour de 500 000 euros par an. "Les choses ne sont pas achevées, pas figées, un peu comme un livre qui ne se refermerait jamais, commente la directrice des bibliothèques Françoise Legendre. Mais c'est aussi l'intérêt de ce plan pluriannuel : l'expérimentation possible nourrit cette dynamique."

Les "Peintures vagabondes" : une toile du musée du Havre passe une journée avec une conférencière dans une des bibliothèques de quartier (bibliothèque L. S. Senghor).

CE QU'EN PENSE LE JURY

Le jury a été unanime pour encourager la ville du Havre à continuer sur sa lancée. "C'est un dossier sans esbrouffe, sérieux, qui n'est pas une somme de coups d'éclat", a estimé Abderrahim Ameur (médiathèque de Casablanca). "Une fierté qui donne de l'énergie ; une énergie qui donne de la fierté", s'est exclamé de son côté Erik Orsenna en comparant Le Havre à d'autres villes qui investissent avec succès dans la culture comme Nantes, Lille, Metz... Laurent Beccaria (Les Arènes) apprécie "la volonté politique de la municipalité et en général l'inventivité et la gaieté du programme. On sent que ce n'est pas du tape-à-l'oeil » ; tandis que le sociologue Claude Poissenot a admiré "l'hybridation réussie des institutions par la culture et une forte implication des équipes". Blandine Aurenche, lauréate de l'année dernière pour la bibliothèque Louise-Michel (Paris, 20e), juge solide l'engagement de la municipalité, des partenaires et des professionnels. "Il faut souligner, apprécie-t-elle, l'importance d'une vraie politique de la lecture, avec le souci de rejoindre chacun là où il est. C'est simple et pas prétentieux, efficace et accueillant."

Le Festival littéraire Le Goût des autres fait se croiser auteurs, musiciens et comédiens.

50 bibliothèques, 79 dossiers

 

 

 

Le jury. De gauche à droite : Laurence Santantonios (Livres Hebdo), Gilles Gudin de Vallerin (directeur des médiathèques de Montpellier Agglomération), Abderrahim Ameur (directeur de la médiathèque de la Mosquée Hassan-II, Casablanca), Christine Ferrand (rédactrice en chef de Livres Hebdo), Claude Poissenot (sociologue, université de Nancy), Erik Orsenna (écrivain, président du jury), Blandine Aurenche (directrice de la bibliothèque Louise-Michel, Paris, lauréate 2011), Laurent Beccaria (éditions Les Arènes) et Dominique Fredj (librairie Le Failler, Rennes).- Photo OLIVIER DION

Dès qu'une ville met la culture au centre de son action politique, elle se revitalise." Travaillant en ce moment à un nouvel ouvrage sur les villes, l'écrivain et académicien Erik Orsenna, président du jury de notre 3e grand prix Livres Hebdo des Bibliothèques, qui sera remis jeudi 6 décembre à la Bibliothèque nationale de France, a consulté avec un intérêt non dissimulé les 79 dossiers de candidature arrivés à la rédaction. Ils sont issus de 50 bibliothèques françaises, dont 6 bibliothèques universitaires. Un bon résultat puisque, en 2011, seules 41 bibliothèques avaient postulé au grand prix, dont seules 6 ont d'ailleurs renouvelé leur candidature cette année, en modifiant leur dossier. Le prix attire chaque année de nouveaux candidats !

Pendant la délibération. De g. à d. : Laurent Beccaria, Dominique Fredj, Abderrahim Ameur et Claude Poissenot.- Photo OLIVIER DION

Passionné par la vitalité déployée par les bibliothèques pour séduire, intéresser et aller chercher le public, Erik Orsenna nous a même incités à communiquer, au-delà du palmarès stricto sensu, les "bonnes pratiques" mises en place par certains établissements dont le jury n'a pas retenu globalement la candidature mais qui l'ont séduit par quelques propositions inattendues et malignes. Cette boîte à idées (voir p. 21) correspond parfaitement à l'esprit de ce prix qui se veut à la fois un coup de projecteur sur le travail mal connu des bibliothèques et un vivier d'initiatives innovantes susceptibles d'inspirer les professionnels.

Onze bibliothèques ont postulé pour le prix de l'accueil, 33 pour celui de l'animation, 14 pour celui de l'Espace intérieur et 21 pour le prix de l'Innovation. Huit bibliothèques se sont portées candidates pour les 4 prix. Les débats ont été vifs et les choix parfois difficiles tant l'enthousiasme et les performances des équipes se percevaient à travers les dossiers.

La grande tendance dans ceux de cette année, significative de la décentralisation et du dynamisme des petites communes : une majorité de candidatures provenait de bibliothèques-médiathèques installées dans des villes de moins de 8 000 habitants. L'autre tendance : un grand nombre d'animations restent relativement classiques, et ne deviennent convaincantes que lorsqu'elles sont échafaudées de façon globale et cohérente, adossées à une politique générale de développement de la lecture. Curieusement, peu de candidats mettent en avant l'innovation technologique, comme s'il était devenu naturel de prêter des tablettes numériques ou de programmer un portail en ligne.

Dans l'ensemble, et même si les horaires d'ouvertures restent d'une amplitude trop faible, les efforts pour adapter les plages horaires aux besoins du public sont manifestes. Au Havre, en Seine-Saint-Denis, à Fougères, à Mandeure ou dans le Val-d'Oise, les bibliothécaires savent qu'il faut désormais aller chercher le public par la main. Se mettre à son écoute. S'adapter à son mode de vie. Et ils ont trouvé des façons nouvelles et parfois inattendues de le manifester.

Prix de l'accueil
Le Bélieu, Mandeure : dedans et dehors

L'heure du kamishibai ("pièce de théâtre sur papier") pendant la fête de la jeunesse en juin.- Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUE D MANDEURE

Mandeure, en Franche-Comté : une petite ville de 5 000 habitants au bord du Doubs où les frères Peugeot construisirent leur première usine de cycles en 1870. Jusqu'en 1998, la bibliothèque, fondée dans les années 1960 par des salariés bénévoles du groupe Faurecia (équipement automobile), est réservée aux employés du groupe. Puis la municipalité signe un partenariat qui ouvre l'établissement au public. De fil en aiguille, 4 bibliothécaires salariés, personnel du CE et bénévoles se retrouvent dans une vraie médiathèque municipale que la ville a choisi d'abriter dans une ancienne école de 450 m2. Accueillir les gens est la priorité absolue pour l'équipe. Sourire de bienvenue, liberté laissée à celui qui pénètre dans les lieux de flâner incognito parmi les collections ou au contraire proposition de l'accompagner s'il le demande. "Lorsqu'une personne arrive pour la première fois, nous lui précisons qu'elle peut nous interpeller pour toute demande, qu'elle n'hésite pas à nous appeler par nos prénoms. Nous l'incitons à aller s'installer où bon lui semble, comme elle le ferait chez elle", explique la responsable Virginie Lapprand. "Souvent les personnes sont surprises, ajoute-t-elle, mais la médiathèque leur appartient, non ?"

Deux espaces sont réservés aux jeunes grapheurs pour l'opération "Tag ton mur".- Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUE D MANDEURE

Fauteuils colorés, libre accès à 20 000 documents, étagères sur roulettes pour créer des espaces au gré des envies, coin-repas, espace jeunesse ludique. Toute l'équipe est mobilisée et tente de multiplier les initiatives avec un budget modeste de 20 000 euros. "Nous avons tenu à ce qu'il y ait un lien entre l'intérieur et l'extérieur de la médiathèque.Nous intervenons dans de nombreux lieux à l'extérieur. Associer un prénom à un visage réduit les craintes liées au premier franchissement de la porte."

La médiathèque est installée dans une ancienne école rénovée en 2011.- Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUE D MANDEURE

Autre initiative qui s'est révélée un des échanges les plus riches que l'équipe ait eus avec les 14-16 ans : la médiathèque a suggéré aux jeunes qui squattaient pendant le week-end le préau de l'ancienne école de décorer le mur au cours d'un atelier, avec montage vidéo sur le thème : "Qu'est-ce que c'est pour vous la médiathèque ?" Il était prévu que les jeunes viennent le matin seulement, mais ils sont restés toute la journée...

CE QU'EN PENSE LE JURY

Dominique Fredj, libraire à Rennes : "Je suis frappé par la cohérence des actions menées par la médiathèque pour apporter à son public un accueil simple, chaleureux, pour lui donner le sentiment d'être chez lui. L'ensemble du personnel a été mobilisé, ce qui a permis de voir naître un projet vivant porté par tous. Cela est d'autant plus remarquable que ces actions s'inscrivent dans un lieu, la médiathèque, qui au départ n'était pas conçu pour ça. Il a fallu repenser, restructurer cette ancienne école pour accueillir un autre public, et cette vision s'est poursuivie hors des murs. Une vision complète, partagée par tous les acteurs de ce projet, facilement transposable, et cela malgré un budget modeste."

Prix de l'animation
Plaine Commune : égalité, fraternité

Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUES DE PLAINE-COMMUNE

Pour l'égalité femmes-hommes : les médiathèques s'engagent". Voilà un exemple particulièrement parlant d'animations que propose la vingtaine de bibliothèques de Plaine Commune (93) - Saint-Denis, Aubervilliers, Pierrefitte-sur-Seine, La Courneuve, etc. "Ce projet a associé de nombreux acteurs et suscité de multiples rencontres, mais il est de surcroît un engagement à long terme, qui continue à irriguer divers pans de nos activités", explique la directrice des bibliothèques, Dominique Deschamps. Loin d'être un simple divertissement, la programmation culturelle et sociale est dans le territoire de Plaine Commune le moyen privilégié d'impliquer les publics et de prendre en compte un aspect de la société en prise avec le territoire.

Le projet "Pour l'égalité femmes-hommes, les médiathèques de Plaine Commune s'engagent" a proposé pas moins de 57 actions faisant la part belle aux femmes : production d'un spectacle, d'un court-métrage et d'une exposition photo, projections-débats, ateliers, rencontres littéraires... - Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUES DE PLAINE-COMMUNE

C'est d'ailleurs un vaste plan de constructions et de rénovations de bibliothèques qui est à l'oeuvre depuis que cette agglomération de huit communes du 93 a pris les choses en main il y a huit ans. Cette banlieue populaire de la région parisienne où l'on parle une trentaine de langues différentes, où 28 % des plus de 15 ans ne possèdent aucun diplôme, et 34 % un diplôme équivalant au BEP ou au CAP, avait pris un retard considérable dans le domaine culturel. Sur le territoire de Plaine Commune se côtoient 134 nationalités différentes et une population souvent pauvre. Les élus ont compris que la lecture publique pouvait être un puissant moteur de développement mais aussi que l'intercommunalité leur donnerait les moyens nécessaires à la mise en place de ce programme d'envergure. Le budget d'investissement annuel est de 2,5 millions d'euros sur quinze ans, et l'objectif est d'attirer 25 % de la population. Jacques Marsaud, directeur général des services, estime que la lecture publique est le "plus bel outil dont l'agglomération dispose pour favoriser le vivre-ensemble et l'inclusion sociale. Les établissements de proximité favorisent la vie collective, participent au développement culturel et au brassage social".

CE QU'EN PENSE LE JURY

L'ensemble du jury a été très sensible à l'imagination, à l'audace mais aussi à la cohérence du plan de lecture de Plaine Commune. «C'est un projet particulièrement maîtrisé, sur un sujet qui touche tout le monde - les rapports hommes-femmes, l'égalité, les stéréotypes", estime Laurent Beccaria. Ce projet global pour les 23 médiathèques et bibliobus de Plaine Commune en Seine-Saint-Denis suppose un engagement important des personnes qui s'attellent à la tâche, je suis admiratif."

L'éditeur a aussi été très sensible à la qualité graphique des dépliants et des affiches présentés dans le dossier de candidature. «Ce n'est pas un détail, >a-t-il insisté. Il semble qu'il y ait par ailleurs beaucoup de progrès à faire de ce côté-là en bibliothèque..."

Prix de l'espace intérieur
La Clairière, Fougères : un cocon pour les ados

la médiathèque est baignée par la lumière naturelle grâce à ses grandes parois vitrées, décorées et protégées par une calligraphie métallique.- Photo PHOTOS BM DE FOUGÈRES

Elle s'appelle La Clairière parce que les élus bretons ont rappelé que les druides avaient coutume de se rassembler dans les clairières pour échanger leur savoir. Elle porte de toute façon bien son nom, cette belle médiathèque de Fougères (Ille-et-Vilaine) dont les parois vitrées, en retrait des façades, sont protégées par une calligraphie métallique rappelant les moucharabiehs arabes. Patios et "failles" vitrées en toiture offrent un maximum de lumière naturelle. La Clairière, 2 500 m2, se compose de deux plateaux ouverts sur deux niveaux. Le premier, précédé d'un grand hall d'entrée volontairement neutre - sans livre -, s'ouvre sur l'espace de presse et sur celui de la "Passerelle", ainsi nommé parce qu'il propose des collections intergénérationnelles - BD, films, musique, documents d'art, livres sur le sport et les loisirs - "pour favoriser les échanges entre enfants, ados, adultes...", explique la responsable, Delphine Pointeau. A l'étage, à côté des collections pour adultes, l'espace jeunesse est plébiscité par tous grâce à l'"Affabulle", sorte de cocon géant en osier prévu initialement pour accueillir enfants et parents, mais vite squatté par les ados qui adorent s'y lover. L'ensemble, simple, avec une signalétique très visible, donne un sentiment de fluidité, de beauté et de confort.

CE QU'EN PENSE LE JURY

le mobilier coloré de l'espace d'accueil - Photo PHOTOS BM DE FOUGÈRES

"La médiathèque La Clairière est idéalement placée non loin du centre-ville, des établissements scolaires et à proximité immédiate d'un centre commercial, d'un cinéma et de la gare routière, remarque >Claude Poissenot. L'attention aux publics transparaît dès le choix de l'implantation. Le public des collégiens et lycéens, difficiles à capter et encore plus quand ils sont éloignés de la médiathèque, peut inscrire ce lieu dans ses routines, y compris ceux qui ont recours aux transports par car (historiquement, la ville de Fougères n'est pas desservie par le train). Mais cette attention au public se poursuit dans l'organisation de l'espace intérieur. Le visiteur peut opter pour une variété d'espaces parmi lesquels choisir selon ses envies ou préoccupations : coin presse, espace informel de l'accueil, salle de travail, patio conjuguant touche végétale et atmosphère minérale, table près de la façade vitrée, rayonnages de faibles hauteurs ou bac à BD. Quel que soit son état d'esprit, le visiteur sera à même de trouver un espace lui offrant la possibilité de se nicher à sa guise. Et s'il a envie d'une forme de retrait du monde, il peut se rendre dans l'Affabulle, qui offre un espace séparé du reste de la médiathèque. On peut s'y installer sur de gros coussins et laisser le corps s'alanguir pour mieux rêver ou se laisser emporter par la lecture qui peut être collective. La médiathèque offre ainsi une expérience qui engage tout le corps. Elle offre au visiteur une niche, un cocon où l'individu se retrouve. Ce faisant, elle montre que l'institution, la collectivité n'est pas en contradiction avec l'individu, qui peut faire l'expérience de lui-même à travers elle."

le Cocon (dit aussi l'Affabulle ou le Nid) où s'installent enfants et adolescents- Photo PHOTOS BM DE FOUGÈRES
la médiathèque de l'extérieur la nuit.- Photo PHOTOS BM DE FOUGÈRES

Prix de l'innovation
BDP du Val-d'Oise : autant de visites qu'au parc Astérix

publicité dans un abribus pour le sytème Révodoc.- Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUES DU VAL

Avec son programme innovant "Changer les bibliothèques", la bibliothèque départementale du Val-d'Oise joue depuis quelques années un formidable rôle d'experte pour toutes les communes du département et la centaine d'établissements qu'elles possèdent. Avec détermination et efficacité, elle propose aux élus et aux professionnels des outils pour répondre à la diversité de leurs publics en démontrant, preuves à l'appui, que la lecture publique est rentable puisque, à elles seules, les bibliothèques du département drainent 2 millions de visiteurs, autant que le parc Astérix situé dans le même département !

il n'y a pas que l'informatique dans le Val-d'Oise- Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUES DU VAL

"Changer les bibliothèques" comporte trois grands volets : assurer l'égalité d'accès aux oeuvres en faisant venir les documents au public, et non l'inverse, grâce à un portail documentaire de 2,5 millions de titres, Révodoc, qui fournit aussi, depuis un an, 1 500 titres de presse en ligne ; "faire que chaque bibliothèque soit aussi grande que le Val-d'Oise", comme l'exprime la directrice, Cécile Le Tourneau, grâce à la mise en place d'une grande réserve commune ; et offrir une gamme de services à tous les publics. Elle a ainsi été la première BDP à offrir aux bibliothèques du département des packs de jeux vidéo comprenant écrans LCD, consoles, détecteurs de mouvements, manettes, etc. "Pour nous, l'innovation a surtout résidé dans la manière de mobiliser les équipeset de mettre au point des méthodes simples et de bon sens afin de montrer aux élus à quel point leurs bibliothèques étaient un atout précieux à cultiver", soulignent en choeur Dominique Lahary, ex-patron de la BDP et devenu adjoint récemment, et Cécile Le Tourneau, ex-adjointe et devenue patronne à son tour.

jeux vidéo dans la bibliothèque de Marines- Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUES DU VAL

La bibliothèque du Val-d'Oise est exemplaire dans sa politique d'expertise et de conseil. Autrefois chargées de desservir les bibliothèques des petites communes avec leurs bibliobus, les BDP jouent de plus en plus ce rôle de conseil dans le contexte éclaté du territoire. A Cergy, siège de la BDP, ont lieu régulièrement des journées d'étude truffées d'expériences reconductibles à l'usage des collègues et des élus. Sans compter une brochure très remarquée, "Réussir les bibliothèques : 7 leçons". Il n'y a plus qu'à s'y mettre...

CE QU'EN PENSE LE JURY

carte du réseau.- Photo PHOTOS BIBLIOTHÈQUES DU VAL

Gilles Gudin de Vallerin (Montpellier) : "C'est un travail collectif impressionnant et qui demande une grande motivation des équipes. Ils ont su décloisonner les choses, travailler activement avec toutes les communes, ce qui n'est pas toujours facile, et persuader leurs élus d'agir. C'est un travail qui se situe bien au-delà de leurs missions traditionnelles, qui témoigne d'un sens élargi du service public et d'un vrai souci de l'usager : ce ne sont pas eux qui se déplacent, c'est la bibliothèque qui vient à eux."

Le boîte à idées
Les bonnes pratiques remarquées par le jury

? L'attention extrême portée à la signalétique, élément esthétique autant qu'informatif (La Bulle, médiathèque de Mazé).

? La fantaisie comme fil directeur, avec notamment le défilé de mode des bibliothécaires pour fêter les 30 ans de l'établissement (bibliothèque municipale de Belfort).

? "Fabriques numériques, festival des arts mêlés" - jeux, installations, créations, expérimentations, ateliers, etc. -, qui se déroule chaque année dans plusieurs lieux de la ville pour aider les habitants à être à la pointe comme... leur médiathèque (médiathèque François-Mitterrand, les Ulis).

? Les aides-bibliothécaires recrutés parmi les jeunes lecteurs pour leur faire comprendre le travail des bibliothécaires. Arborant fièrement leur badge derrière la banque de prêt, ils participent pleinement à la vie de la bibliothèque (Petite bibliothèque ronde de Clamart).

? L'animation "Correspondances : un artiste-un enfant", qui permet à un enfant hospitalisé d'avoir un échange avec un créateur (bibliothèque de l'hôpital Raymond-Poincaré, Garches).

? Le laboratoire permanent d'expérimentation pour les bibliothèques, baptisé Biblio. Il s'agit de lieux éphémères - Biblio.bato, Biblio.sport- d'innovation où s'élaborent, par la pratique, des façons de lutter contre le cloisonnement géographique, la précarité sociale, le manque d'intérêt individuel... (bibliothèque municipale de Bordeaux).

? La très riche programmation culturelle à la bibliothèque universitaire d'Avignon où les étudiants sont devenus eux-mêmes une force de proposition et investissent l'espace. La bibliothèque, lieu d'expositions et d'événements et partenaire des acteurs culturels de la région, devient la vitrine de l'université (service commun de la documentation, Avignon).

? L'organisation et la signalisation astucieuses des collections regroupées par pôles comme en librairie (La Mémo, Oullins).

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