A une époque où le livre se voit consacrer de moins en moins de pages dans la presse et, hors « La grande librairie », très peu d'espaces à la télévision, la stratégie à contre-courant de France Inter fascine. Convaincue que « pour dire l'état du monde, rien ne vaut un écrivain et un roman », sa directrice, Laurence Bloch, a fait du livre sous toutes ses formes un pilier de la programmation de la station généraliste de Radio France. Elle a placé des auteurs au centre de multiples émissions, des plus exigeantes aux plus populaires. Une stratégie qui a permis à l'antenne publique de doper son audience au point de talonner RTL, désormais fragilisée dans sa position de radio la plus écoutée du pays.

Cette réussite de France Inter autorise à reconsidérer l'idée reçue selon laquelle, dans l'audiovisuel, les succès d'audience seraient forcément inversement proportionnels à la présence à l'antenne du livre et plus largement de la culture. En misant sur le livre, France Inter en a fait un élément de sa stratégie de régénération et de rajeunissement, bien au-delà de la mission culturelle inhérente à son statut public. Il lui a permis d'enrichir ses programmes et, dans le même temps, grâce aussi à ses multiples initiatives « hors média » (prix, manifestations, conférences, coéditions...), la station de radio s'est imposée comme un prescripteur essentiel au livre et à la lecture.

Publié à la veille du salon Livre Paris, le 3ebaromètre Ipsos/CNL sur les Français et la lecture contribue à expliquer pourquoi une station de radio comme celle-ci peut s'appuyer sur le livre pour se développer et élargir son public. Les Français, et singulièrement les jeunes adultes, sont plus nombreux qu'il y a deux ans à se déclarer lecteurs. Deux tiers d'entre eux souhaiteraient pouvoir lire davantage. Reste à convaincre ces auditeurs de France Inter de réduire le temps qu'ils passent sur les écrans pour fréquenter plus librairies et bibliothèques.

14.03 2019

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