15 NOVEMBRE - MÉMOIRES Iran-France

A 70 ans, Christian Pahlavi ne manque pas d'humour. "Je suis non seulement vieux, mais ce qui est bien plus grave, je suis ancien." Cet esprit, on le retrouve dans chaque page de ces Mémoires, au détour d'une image ou d'une formule empruntées à Jules Renard, à Claudel ou à Guitry. On pourrait même y déceler une sagesse orientale, sauf que...

Christian Pahlavi est le fils d'une Française - « Cricri » dans le texte - et d'un médecin militaire allemand mort à Stalingrad. Il est adopté par le frère du chah d'Iran, Ali-Reza, au moment où celui-ci épouse sa mère. S'engage alors une relation forte avec ce nouveau père qu'il surnomme « Palala » jusqu'à son décès dans un accident d'avion. Christian a 13 ans. Entre Téhéran et Paris, entre la cour du chah et les couloirs de Sciences po, il est partagé entre deux histoires, deux cultures, deux vérités. Jusqu'à la révolution islamique de Khomeiny. Ces "journées d'Apocalypse" au cours desquelles il constate les retournements, les trahisons et qui lui font prendre conscience de cette double identité. De retour en France, il devient journaliste à Nice-Matin, se fait traiter de "Savaki" en référence à la police politique du chah, puis se met à écrire pour voir l'envers d'une vie dorée. "Comprendre et accepter que je n'étais pas le fils de ce jeune père prestigieux, de ce prince de conte de fées oriental, mais le bâtard d'un soldat de l'armée du Diable."

Par petites touches, avec ce qu'il faut de dérision pour faire passer le déraisonnable, Christian Pahlavi se raconte, lui, le "fils de Boche" devenu fils de prince, l'homme aux deux pères morts à 30 ans, le déraciné à nouveau enraciné qui compte les grains de ce temps, de plus en plus fins, en cherchant celui qui a bien pu enrayer la mécanique d'un tel destin.

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