4 mai > roman Italie > Ginevra Bompiani

En Italie, les Bompiani se sont fait une réputation dans l’édition. Le père, Valentino, a fondé sa maison qui porte son nom. Aussi n’est-il pas surprenant que sa fille, Ginevra Bompiani, ait vu défiler tout le milieu des lettres, dont Aldous Huxley. Née en 1939, à Milan, elle hérite tout naturellement de ce virus familial. Elle devient écrivaine et professeure d’université avant de créer à son tour sa maison d’édition avec un des descendants de la célèbre maison Einaudi, Nottetempo.

Le temps est justement au cœur d’un mini-récit intimiste, Pomme Z, comme s’il suffisait de frapper les touches de son clavier Apple pour récupérer ce qui fut et ne reviendra plus. "La vieillesse vous arrache les choses une à une. C’est comme avancer à reculons à travers le temps. La véritable tromperie, c’est l’imagination." Ginevra Bompiani n’a pas l’illusion de pouvoir tout saisir dans un filet à papillons, mais elle nous livre des petites touches de son existence. "Ma vie est remplie de choses, mais elle se tient à la périphérie de l’émotion."

Le fil rouge étant de belles personnalités, célèbres ou anonymes, qui ont jalonné son parcours. Autant de leçons pour rester humble et savourer les petites choses du quotidien. Ses pages rendent hommage à un bénévole dévoué, une peintre rêvant de devenir écrivain, Elsa Morante mourante, Ingeborg Bachmann pétillante ou Sonia Brownell (la femme de George Orwell) dévorée par la pauvreté. Tous possèdent "une luminosité feutrée" qui anime ce livre inclassable. "Quand on se retourne en arrière et se demande pourquoi on a vécu, on omet les moments où il n’était pas nécessaire de se le demander."

Kerenn Elkaïm

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