31 OCTOBRE - ROMAN ILLUSTRÉ Japon

Outre ses qualités littéraires, Les fruits de Shinjuku est un ouvrage élégant, grâce aux illustrations d'Amandine Grandcolas. Pleines pages en couleurs, où prennent vie sous nos yeux les personnages du roman, et leur environnement urbain, ou bien strips en noir et blanc soulignant telle scène importante pour l'intrigue. Jamais l'image ne répète le texte, elle lui donne plus de réalité. D'autant que le roman de Morita Ryûji - en fait, une novela - est déjà, en lui-même, très visuel.

L'histoire commence avec Ryôta, voyeur et photographe amateur, accessoirement kleptomane, qui observe et prend en photo de sa fenêtre sa voisine d'en face, une prostituée, même quand elle reçoit ses clients. La fille est très jeune, encore adolescente. Il en tombe progressivement amoureux. Avec son ami Ichirô, fils de pharmacien défoncé aux médicaments, ils vont la suivre, faire sa connaissance, lier amitié, apprendre qu'elle s'appelle Maria et qu'elle est philippine. Mais, pour la fréquenter, il faut payer ! Maria "appartient" à un jeune maquereau pas commode. Ryôta propose de la racheter, de l'épouser. Mais Maria est mineure. Comment se sortir de cet imbroglio ?

A travers les aventures des deux garçons, désoeuvrés et à la morale élastique, Morita nous dépeint sa ville, ses centres commerciaux, ses quartiers branchés, avec de nombreux bars comme le Pulp. Sans jugements ni fioriture - Ryôta lui-même est le narrateur -, sans faire de la jeunesse nippone la description apocalyptique que l'on trouve parfois chez d'autres écrivains japonais, ou même dans certains de ses romans. Ryôta et Ichirô ne sont pas punks, ni fashion addicts. Juste de simples fils de bourgeois qui s'attardent à savourer la fin de leur adolescence.

Morita Ryûji, né à Tokyo en 1954, a été journaliste au magazine d'information culturelle PIA. Il a publié son premier roman, Un rêve plus long que la nuit, en 1985. Depuis 1996, concentré sur l'écriture, il est considéré comme l'un les auteurs japonais des plus importants. A l'origine, Les fruits de Shinjuku faisait partie du recueil Tokyo électrique, célébration éclatée d'une mégalopole qui ne dort jamais et où tout semble possible : mais pas forcément d'épouser une prostituée mineure tombée aux mains de caïds sans scrupule.

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