Entre effondrement du CAC 40, commémoration du 11-Septembre et autres événements d'importance, les lacaniens se sont poussé du col pour tenter de se faire entendre à l'occasion des 30 ans de la mort de leur idole. La palme de l'incruste est sans conteste revenue à Catherine Clément, qu'on a connue parfois mieux inspirée, qui s'est fendue d'une tribune dans le Monde intitulée «  Le XXIème siècle est d'ores et déjà lacanien  ». Comme on dirait au Canard , elle a défoncé - que dis-je, explosé, atomisé... - le « mur du çon ». Ce qu'il y a de bien, avec des titres si parfaitement ridicules, c'est qu'on est dispensé de lire la suite de l'article. Par ailleurs, le blog de Pierre Assouline nous apprenait que le noyau dur des lacaniens, emmené par un Jacques-Alain Miller hystérique (pléonasme), s'était livré devant Olivier Bétourné, le PDG du Seuil, éditeur historique de Lacan, à un happening tragi-comique sur le mode : «  Les éditions du Seuil ne publieront plus le Séminaire de Lacan, na !  ». La description que donnait Assouline de cette soirée était si grotesque qu'elle en rendait tout à coup Olivier Bétourné follement sympathique. C'est bien simple : j'avais envie de l'embrasser ! Bon, mais n'oublions pas qu'il est quand même, à la ville, le mari d'Elisabeth Roudinesco, autre lacanienne de choc. Tout ce sympathique remue-ménage m'évoque l'agitation crépusculaire de sectivores autour d'un lampadaire en train de s'éteindre. Au même moment, Télérama paraissait avec en couverture ce titre plus en phase avec la réalité : «  Psychanalyse, le désamour  ». Quitte à verser dans la prophétie, et je ne risque pas d'être plus ridicule que Catherine Clément, je parierais volontiers que le XXIème siècle verra le chant du cygne de la psychanalyse. Il restera évidemment quelque chose de Freud. Mais rien de l'imposture lacanienne et de ses jeux de mots à deux balles, même pas dignes de l'Almanach Vermot (*). Dans trente ans, on aura oublié jusqu'à son nom. Et probablement Olivier Bétourné est-il secrètement ravi d'être débarrassé du Séminaire : je serais curieux de connaître les chiffres de vente en 2011... (*) : Tiens, ça me fait penser que j'aurais dû écrire « L'UN-posture », pour être dans le ton...   _________ Hier en milieu d'après-midi, Marianne aborde (enfin) en Une de son site « l'affaire Macé-Scaron » (sic). L'intéressé se dédouane une fois de plus, mais change de stratégie de défense. Abandonnée, la théorie fumeuse de l'intertextualité. En gros, si on s'acharne contre lui, c'est qu'on est rien que des vilains méchants, qui devrions nous interroger sur nos propres motivations (je n'invente rien, hélas...). En revanche, Maurice Szafran, le patron du journal, se fend d'un papier plus honnête : il condamne fermement, annonce que JMS est plus ou moins rétrogradé (pour combien de temps ?) au rang de journaliste de base, mais pour compenser il en rajoute des tonnes sur « son talent exceptionnel ». C'est sûr qu'en pompant Cioran pour rédiger ses éditoriaux du Magazine Littéraire , ainsi que l'a révélé le site slate.fr, la prose de PommeCé Scaron (comme l'ont joliment surnommé des internautes...) prend tout de suite une autre allure. A cette aune-là, même moi, j'aurais du talent... En attendant, JMS n'a toujours pas été déménagé du Magazine Littéraire . Ça commence à devenir indécent...   _________ Il est amusant Beigbeder. Le voilà qui part en croisade contre le numérique. Ses déclarations, la semaine dernière, sur une antenne de Radio France, ont laissé plus d'un auditeur pantois. Il est vrai qu'il n'en était pas à son coup d'essai : en juin 2010, déjà, il pourfendait les ebooks dans l' Express . Risquons une hypothèse : Beigbeder est de ces auteurs qui auront le plus à pâtir de la déferlante des ebooks, et il l'a compris. Ses livres, massivement promus lors de leur sortie, font partie de ces ouvrages vite lus, vite oubliés, mais qu'il n'est pas forcément mauvais d'avoir parcouru pour briller dans les dîners en ville. Bref, le profil idéal pour téléchargement. Mais évidemment, ça rapporte moins que le papier...
15.10 2013

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