En 2015, la France a acquis les droits de traduction en français de 16 titres en langue turque, dont 9 romans (sources : SNE/Bief). Le chiffre peut sembler dérisoire, mais il témoigne en fait du léger essor de la littérature turque en France. "Il y a seulement quelques années, lorsque je cherchais à lire des auteurs turcs, je ne trouvais presque que des classiques ; mais depuis les années 2000-2005, je commence enfin à trouver des voix différentes… que j’ai parfois éditées moi-même", s’amuse Emmanuelle Collas, fondatrice et directrice éditoriale de Galaade. Cette maison fondée en 2005 compte une trentaine d’écrivains turcs à son catalogue, parmi lesquels le prix Médicis étranger 2015, Hakan Günday, pour son ouvrage Encore. Elle publiera en février deux romans engagés : Le dernier Istanbul de Murathan Mungan et Rire noir de Murat Ozyasar, "un représentant de la nouvelle vague d’auteurs kurdes".

Pour le célèbre écrivain turc Nedim Gürsel, publié au Seuil, l’évolution de la place de la littérature turque en France est aussi très positive. "Il y a de bons auteurs comme Orhan Pamuk (Gallimard), prix Nobel de littérature 2006, ou Oya Baydar (Phébus), prix France-Turquie 2015, qui mettent en lumière les écrivains turcs."

Bleu autour, autre maison tournée vers les écrits turcs, a notamment publié en 2015 un recueil à succès permettant de découvrir l’enfance d’une trentaine d’écrivains. Chez Actes Sud, la collection "Lettres turques", dirigée par Timour Muhidine, qui proposait déjà des auteurs populaires comme Murathan Mungan et Enis Batur, devrait attirer un public plus large avec la récente parution du Silence même n’est plus à toi, recueil des chroniques qui a valu la prison à son auteure, Asli Erdogan. "Le marché français est assez sélectif, mais il a un prestige très important pour les auteurs turcs, indique Mehmet Demirtas, cofondateur de l’agence littéraire turque Kalem. Notre préoccupation pour l’évolution de la Turquie ne doit pas nous conduire au repli."

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