29 AOÛT - RÉCIT Grande-Bretagne

Nick Kent, beaucoup l'ont découvert en France lorsqu'il chroniquait les sorties de disques dans les pages de Libération. De lui, on avait déjà lu The dark stuff : l'envers du rock (Austral, 1996, repris chez Naïve), recueil de portraits d'artistes tels que Brian Wilson, Miles Davis ou Neil Young.

Né en 1951, établie dans la région parisienne depuis la fin des années 1980, il publie cette fois une autobiographie, Apathy for the devil, où il revient sur une décennie bouillonnante et dangereuse, les années 1970. Juste avant qu'elles ne commencent, Nick Kent est un jeune de 18 ans aux joues creuses et à la silhouette dégingandée, qui a grandi dans le Nord de Londres.

Preneur de son, son père a travaillé aux studios Abbey Road de EMI et à Radio Luxembourg. A 10 ans, son rejeton succombe à la musique du générique des Sept mercenaires. Puis aux Beatles. En 1964, il prend de plein fouet les Rolling Stones et leur "aura collective d'insolence dévastatrice". A l'aube des seventies, à ses yeux la "décennie du Moi", Nick Kent lit De sang-froid de Capote et Ulysse de Joyce, tout en trouvant rasants les "textes idiots" de Chaucer.

Le voilà qui se met à fumer de la drogue, perd sa virginité grâce à une Galloise au visage rond, enrage à cause de la popularité de Cat Stevens dont les ritournelles lui semblent si sucrées qu'il en a mal aux dents ! L'étudiant en rupture de fac devient vite "le prince ténébreux du journalisme rock". D'abord à Frendz, où paraissent ses premières chroniques, puis au New Musical Express, organe "idéal pour refléter les tendances émergentes". Le débutant a la chance de pouvoir interviewer tour à tour Captain Beefheart, MC5 et le Grateful Dead, de rencontrer un Iggy Pop aux manières exquises, qui lui parle des romans de Gore Vidal, et un Lou Reed affichant le "regard de poisson mort de Peter Lorre" !

En revanche, il a bien du mal à se tenir à l'écart des tentations. Goûte à la cocaïne, aux quaaludes et à l'héroïne. Malgré tout, il parvient à trouver son style d'écriture, soucieux de décrire le rock "en tant que réalité de chair et de sang, peuplée de gens surréels menant tambour battant des existences tout aussi surréelles". Très doué dans l'art du portrait, Nick Kent convoque ici Keith Richards, Mike Jagger ou Malcolm McLaren, "vipère avide de pouvoir". Grâce à lui, le lecteur assiste, aux premières loges, aux transformations opérées à une époque charnière et dangereuse de la musique populaire.

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