C’est un dimanche de l’année 2008, un après-midi de printemps hivernal. Le stade San Siro est rempli à ras bord. Quatre-vingt mille spectateurs attendent le coup d’envoi de la rencontre opposant deux clubs rivaux, le Milan AC et l’Inter de Milan. Soit le derby de la Madonnina. Le match de l’année, pour beaucoup de tifosi.
Remarqué l’année dernière avec un roman oscillant entre la comédie et le polar, Prison avec piscine (Liana Levi), Luigi Carletti propose cette fois Six femmes au foot. Le journaliste transalpin - il est l’un des directeurs du groupe La Repubblica pour lequel il a réalisé des enquêtes sur les grands thèmes d’actualité - passe ici de l’une à l’autre à mesure que les joueurs des deux équipes s’activent sur le terrain. Letizia Jacono travaille pour l’office central de lutte contre le crime organisé. Elle a sous la veste de son tailleur bleu pétrole un Beretta et un Glock 26 à la cheville droite.
Après des mois de traque, elle pense être sur le point d’appréhender sa cible, un certain « Blouson rouge ». La jeune Guandalina est belle « comme un portrait de sainte ou de madone avec ses longs cils et les lèvres pleines ». Elle a un plan précis pour entrer à sa manière dans le stade. Stade où Annarosa se rend pour la première fois avec son mari, son beau-frère et sa belle-sœur. Voici aussi Lola Da Silva, commentatrice de Radio Sport International, qui pense qu’« aucun pardon ne lui sera plus accordé ».
Handicapée assise sur un fauteuil roulant, Renanta Corelli, elle, s’est entraînée, elle est prête. Quant à Mme Gemma Motta De Grandis, elle adore depuis un demi-siècle « la fébrilité d’avant le match, qu’électrise l’atmosphère ». Gemma converse avec Attilio, son mari, dont elle serre dans les bras la veste beige. Sauf qu’Attilio est mort depuis quelques mois…
Luigi Carletti mène la danse avec brio. « Une humanité brute. En souffrance. Hommes et femmes à l’unisson. La passion est une violence. L’indifférence n’est pas tolérée. Toute retenue est bannie », écrit-il. Que le meilleur gagne ! Al. F.
