18 mars > roman Etats-Unis

Les éditions Rue Fromentin ont ouvert une première fois la porte sur l’univers noir de Peter Rock en publiant L’abandon (2012). Un incroyable et oppressant roman, salué conjointement par James Ellroy et Junot Diaz, qui dévoilait déjà le large talent de son auteur, un professeur de l’université de Portland (Oregon) ayant grandi à Salt Lake City. Peter Rock continue d’impressionner avec A l’abri du monde. Un opus, aussi sombre et réussi que le précédent, où il laisse à nouveau entendre qu’on n’échappe pas facilement à son histoire familiale et à son enfance. Francine peut en témoigner. Enceinte de huit mois, la jeune femme travaille à l’hôpital de Boise, dans l’Idaho, comme assistante médicale.

Elle a grandi dans le Montana, et n’était pas encore adolescente quand ses parents sont morts. Petite, avec sa sœur Maya, elle a vécu au sein d’une étrange communauté. Une "Activité" avec sa "Messagère", ses "décrets", ses "Gardiens de la Flamme". Un endroit où elle avait pour ami Colville Young, garçon dont elle était plus que proche et qu’elle n’a jamais oublié. Quand démarre le roman, Francine fait partie de l’équipe qui recherche une fillette de 9 ans disparue quelques nuits plus tôt, une gamine qui habitait au bas de la rue où elle vit avec son mari, Wells Davidson, employé d’un grand magasin de bricolage. Un soir, après le dîner, un homme avec une casquette de golf sonne à leur porte. Colville Young, Francine ne l’avait pas revu depuis vingt-cinq ans. Il explique qu’il vient de Spokane, où il a élu domicile dans un petit garage, et qu’il est dans les parages pour aider à retrouver la disparue.

A Boise, Colville passe d’un motel à l’autre. Ce curieux personnage, que Wells regarde d’un mauvais œil, se méfie des forces obscures et des esprits qui pourraient le trouver et le prendre par surprise. Francine se rappelle que la Messagère lui avait affirmé que sa voie et celle de Colville étaient entrelacées, qu’ils devaient s’entraider par tous les moyens.

Peter Rock sait faire monter la tension, plonger le lecteur dans un climat inquiétant en utilisant pour décor naturel un paysage de neige et de forêts. Il y a du David Lynch, du Top of the lake et du Flannery O’Connor dans A l’abri du monde. Roman lancinant pour lequel Peter Rock s’est inspiré d’une secte réelle qui craignait la fin du monde et s’y préparait. Le résultat donne un volume que l’on découvre ébloui par son mélange de violence et de beauté et par son ambiance que l’on garde en mémoire. Al. F.

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