Freida McFadden, dont les titres dominent une nouvelle fois les premières places du classement GFK/Livres Hebdo, bouleverse d’une manière inédite le monde de la librairie.
Chez Lucioles, librairie indépendante de Vienne (Drôme) réalisant 2 millions d'euros de chiffre d'affaires, les ventes témoignent d'un phénomène sans précédent avec 458 exemplaires de La Femme de ménage vendus lors des dix derniers mois, dont deux pour fermeture pour travaux.
« Ce qui est impressionnant, c'est ces cinq bouquins d'un seul coup », analyse Alain Bélier, libraire depuis quatorze ans. « Les gens ne se disent pas "J'en ai lu un et c'est bon'", ils les lisent tous et viennent demander s'il n'y en a pas un autre », assure-t-il.
Un lectorat qui transcende les clivages
La librairie, réputée pour son suivi éditorial exigeant, ne prescrit pas ces titres mais s'adapte à la demande. « On n'est pas du tout à l'œuvre sur ce type de succès, reconnaît-il. Et quand les gens commençaient à venir nous demander le premier tome, on savait à peine que le livre était sorti ». L'office initial de 25 exemplaires de La Femme de ménage s'est écoulé le jour même : 8 réservations avant la sortie et 17 ventes dans la soirée. Les réapprovisionnements se sont enchaînés : 88 ventes en avril, 73 en mai, après la réouverture de la librairie le 29 mars...
Selon le libraire, l'originalité du phénomène réside dans sa transversalité. « Ça réunit un peu toutes les communautés de lecteurs », observe-t-il. Les clients fidèles, habitués aux choix éditoriaux pointus de l'enseigne, adoptent massivement les romans de Freida McFadden.
Une performance qui défie les références
C’est également la concentration temporelle qui distingue l'autrice américaine des autres phénomènes éditoriaux. Si Dan Brown avec Da Vinci Code ou plus récemment Mélissa Da Costa ont généré des ventes exceptionnelles, leurs succès s'étalaient dans le temps. Et également dans l’espace. Lors du dernier festival Quais du Polar, le libraire a emporté pour son stand, sans conviction, 20 exemplaires de La Femme de ménage. « La romancière n’était pas en dédicace et on a imaginé que le public présent l’aurait déjà lu », explique Alain Bélier. Les ouvrages ont été écoulés en quelques heures dès la première journée.
Un levier dans un marché en difficulté
Ce succès de ventes intervient dans un contexte de baisse généralisée du marché et de la lecture. « L’activité au niveau national est plutôt en baisse d'activité », confirme le gérant, évoquant un recul de 5 % constaté lors des assemblées générales de la fédération des librairies indépendantes. « On a toujours un Astérix, un effet manga pour marquer notre résilience », estime Alain Bélier.
L'énigme de l'étincelle initiale
L'origine du phénomène reste mystérieuse. « Le livre était sorti, il n'a pas marché en grand format. Et puis d'un seul coup, le truc décolle », s'interroge le libraire qui estime que l'adaptation cinématographique prévue pour décembre pourrait amplifier le phénomène. En attendant, les libraires s'adaptent à cette demande inattendue et ne « boudent pas leur plaisir », tentant d'orienter ces nouveaux lecteurs vers d'autres titres. « Notre rôle après, c'est d'être médiateurs avec une autre littérature », conclut Alain Bélier.
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Les meilleures ventes de la semaine du 26 mai au 1er juin 2025