3 avril > Roman France

En ce temps-là, les grandes vacances étaient surtout longues. 7 septembre 1975, la petite Luce de Clerval, 6 ans, aimerait sans doute être désormais ailleurs que dans ce village du Sud, Calamès, dont est originaire sa famille maternelle. Elle n’est pas la seule. Son père, Robert, n’a d’autre hâte que de rejoindre sa maîtresse à Paris. Sa mère, de comprendre à quel moment sa vie s’est ainsi égarée. Sa sœur, de rejoindre son amoureux, un motard de passage. Il y a aussi Nicole, l’amie de sa mère, qui se découvre malade. Jacques, qui ne saurait vivre sans elle. Une boulangère, pour qui le champ des possibles s’est à jamais refermé. Une coiffeuse trop jolie. Une falaise qui domine le village et menace de s’effondrer. Un mystérieux géologue et deux touristes anglaises qui ont disparu sans laisser de traces…

Avec Chanson pour septembre, son premier roman après plusieurs récits et recueils de nouvelles, Isabelle Lortholary compose à la fois son petit requiem intime pour cette "France des clochers, des maisons sages" à jamais disparue au tournant des années 1980, mais aussi le plus douloureux des récits de formation. Que l’on ne s’y trompe pas, la douceur des choses, dans ce livre où le soleil est d’abord celui de la tragédie, n’est jamais qu’une présentation aimable des gouffres qui guettent et finissent par happer chacun (et surtout chacune). Et alors qu’au fil de cette journée de septembre, tous semblent peu à peu comme engloutis par la nuit, Isabelle Lortholary parvient avec une grâce folle à faire sentir ce glissement progressif, passant elle-même en quelque sorte d’un univers à la Giraudoux à quelque chose qui serait plus proche des chambres d’amour dévastées d’une Jean Rhys ou d’une Sylvia Plath. Quoi qu’il en soit, on est ici en très bonne compagnie. O. M.

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