5 JANVIER - ROMAN Grande-Bretagne

David Mitchell aime à relever des défis, à bâtir des romans hors normes. On se souvient d'Ecrits fantômes (éditions de l'Olivier, 2004, repris en Points), de Cartographie des nuages (éditions de l'Olivier, 2007, repris en Points), où il croisait les histoires et les époques avec une rare maestria.

L'Anglais établi à Cork, en Irlande, frappe à nouveau un grand coup avec Les mille automnes de Jacob de Zoet. Nous sommes cette fois transportés en 1799, dans le port de Nagasaki et dans l'île artificielle de Dejima. Fils de pasteur, Jacob de Zoet a débarqué là avec son psautier. Cet officier de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales a été chargé de mettre de l'ordre dans les comptes de l'avant-poste de traite le plus reculé de la compagnie.

Le jeune clerc aux cheveux roux et aux yeux verts est né à Dombourg, il vient de "Zélande". Au pays, il a laissé Anna. Une demoiselle, qu'il a embrassée une unique fois, dont le père n'est pas décidé à lui accorder la main tant qu'il n'a pas fait ses preuves et renfloué ses finances. Sur place, Jacob n'a pas le temps de s'ennuyer. Il prend un encrier sur le nez, se fait compisser par un singe, pratique le billard et le jardinage. Le héros de David Mitchell côtoie des Prussiens alcoolisés et vulgaires. Lorsqu'ils ne disent pas Zoet-san, les locaux prononcent son nom "Yacobu Dazûto".

Celui-ci observe un monde qui lui est étranger et qu'il cherche à déchiffrer. Il a conscience de la corruption, de la manière dont les maîtres blancs traitent leurs esclaves. Du barrage de la langue, du fossé culturel. Le voilà troublé par sa rencontre avec une sage-femme, Mlle Aibagawa, Orito de son prénom. Laquelle a les cheveux noirs derrière son foulard et un visage meurtri...

Conteur hors pair, David Mitchell tisse sa toile avec habileté et finesse. D'une rare sophistication, Les mille automnes de Jacob de Zoet séduit par sa maîtrise narrative et son étrange dosage de violence et de sensualité.

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