Le vide laissé par la disparition progressive des lecteurs CD dans les foyers a offert un espace inédit aux boîtes à histoires sur le marché de l'audio jeunesse. Plébiscités par les parents et les enfants, ces supports physiques sont désormais perçus comme des partenaires de premier choix pour les éditeurs.

Les livres-CD classiques ne sont pas morts, mais leur usage s'étiole à mesure que disparaissent les lecteurs CD dans les foyers. Si l'écoute sur YouTube ou les plateformes de streaming est entrée dans les mœurs, elle n'a que très imparfaitement répondu aux attentes des plus jeunes, qui se tournent plus volontiers vers le format plus ludique des boîtes à histoires. « Contrairement au livre audio adulte, la dématérialisation a moins de sens en jeunesse car les enfants ont besoin d'exercer leur autonomie sur des supports physiques », décrypte Laure Saget, directrice du développement audio chez Madrigall.

Partenariats multiples

Les boîtes à histoire permettent aux enfants de naviguer sans dépendre des smartphones ou tablettes de leurs parents, tout en bénéficiant d'une interactivité sans écran ni connexion. Leur essor n'a fait que s'accélérer ces dernières années, bien suivi par des éditeurs de plus en plus nombreux à s'adosser aux fabricants pour y faire écouter leur catalogue. En 2022, Lunii, leader incontesté du marché avec 350 000 exemplaires vendus de sa Fabrique à histoires rien que depuis le début de l'année, a par exemple noué des partenariats pour quelques titres spécifiques avec Larousse, Gallimard Jeunesse, Le Lombard et Nathan Jeunesse, offrant à ces éditeurs des audiences parfois plus élevées que sur les plateformes.

La tendance est générale, les éditeurs s'inscrivant volontiers dans une démarche de complémentarité avec les créations originales des fabricants de boîtes à histoires qui essaiment sur le marché : des titres d'« Écouter lire », la collection audio de Gallimard, sont ou seront notamment disponibles sur la Conteuse merveilleuse, Yoto ou Toniebox. Cas à part, le groupe Bayard a choisi de développer en coentreprise avec Radio France sa propre enceinte Merlin. Il y propose des histoires issues des univers Bayard, Milan, ainsi que des titres de presse Bayard et Milan. En 2021, les 30 000 exemplaires produits de Merlin s'étaient tous vendus ; l'enceinte a donc été fabriquée à 70 000 unités cette année, avec un objectif de vente équivalent. En complément, le groupe Bayard vient de constituer une cellule audio pour produire de nouveaux contenus, à la fois pour Merlin et pour différents partenaires, y compris à l'international.

Sur le marché traditionnel du livre-CD, les acteurs historiques continuent de publier des nouveautés, mais à un rythme qui va en décroissant. Les rééditions sont parfois imprimées sans CD « car les petits volumes ne permettent pas de rentabiliser les coûts de production », souligne Michèle Moreau, directrice éditoriale chez Didier Jeunesse. En 2023, la marque d'Hachette Livre publiera cinq à six nouveaux livres-CD, dont deux titres dédiés à l'Irlande et à l'Ukraine dans sa collection « Comptines du monde ». De la même manière, chez Flammarion Jeunesse, il y aura des livres-CD en 2023. « Même si nos livres-CD sont tous proposés avec un accès aux plateformes, les taux de connexion restent faibles car les acheteurs préfèrent écouter le CD. Cela montre bien l'appétence des utilisateurs pour le support physique », rappelle Céline Dehaine.

KiLi, une appli pour faire le lien avec le livre 

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