Mo Yan à Stockholm : « J'ai eu le sentiment que la personne visée n'avait rien à voir avec moi »

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Mo Yan à Stockholm : « J'ai eu le sentiment que la personne visée n'avait rien à voir avec moi »

Le prix Nobel de littérature 2012 a prononcé son discours de réception le jeudi 6 décembre à Stockholm.

avec mq Créé le 15.04.2015 à 23h36

Lors de son discours de réception qui s'est déroulé à Stockholm le 6 décembre, le prix Nobel de Littérature, Mo Yan, est revenu sur son parcours et sa famille, rendant un hommage appuyé à sa mère : « Il est quelqu'un, en cet instant, vers qui vont toutes mes pensées, c'est ma mère, que vous ne verrez jamais. Beaucoup de personnes ont partagé avec moi l'honneur de ce prix, mais pour ma mère c'est chose impossible », a-t-il déclaré dès les premiers instants de son discours.

Mo Yan a parlé du contexte dans lequel il avait écrit ses différents livres, Grenouilles, La mélopée de l'ail paradisiaque, Le supplice du santal, ou encore La dure loi du karma. Il a parlé de sa mère qui est à l'origine d'un de ses titres les plus connus : « Après la disparition de ma mère, j'ai éprouvé un immense chagrin et j'ai décidé de lui consacrer un livre. Il s'agit de Beaux seins, belles fesses, comme le projet mûrissait depuis longtemps et que j'étais submergé par l'émotion, j'ai écrit le premier jet de ce roman de cinq cent mille caractères en seulement quatre-vingt-trois jours ».

Il a insisté sur le fait que l'écriture ne pouvait pas se détacher de son expérience personnelle : « Le processus de création est particulier à chaque écrivain, c'est vrai aussi pour chacun de mes livres, l'inspiration de départ et son mûrissement dans mon esprit ne sont pas les mêmes à chaque fois. »

Concernant les polémiques suscitées par son sacre, Mo Yan a exprimé son incompréhension : « J'ai eu le sentiment que la personne visée n'avait rien à voir avec moi. J'étais comme le spectateur d'une pièce de théâtre qui regarde une représentation donnée par la multitude. J'ai vu les fleurs tomber à profusion sur celui qui avait été primé, et aussi les pierres qu'on lui lançait, l'eau sale qu'on déversait sur lui ».

« Pour un écrivain, la meilleure façon de parler c'est l'écriture. Tout ce que j'ai à dire, je l'écris dans mes oeuvres. Les paroles qui sortent de la bouche se dispersent au vent, celles qui naissent sous la plume jamais ne s'effacent », a-t-il poursuivi. Après avoir raconté des anecdotes de sa vie, il a insisté sur sa condition d'auteur avant tout : « Je suis un homme qui conte des histoires. C'est pour cette raison que j'ai obtenu le prix Nobel de littérature ». « Dans les années à venir, je vais continuer de conter mes histoires », a-t-il conclu.
15.04 2015

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