Narcisse au salon

Le must : une photo avec Marc Lavoine sur le stand La Martinière.

Narcisse au salon

Et moi, et moi, et moi… Autoédition, selfies, rencontres VIP, le Salon du livre, c’est aussi le moment de se mettre en scène et de soigner son ego. Comme quoi, le livre reste toujours valorisant.

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Par Manon Quinti,
avec Créé le 27.03.2014 à 19h43 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Une impression de vanité

Désormais, les habituels porteurs de manuscrits que fuient les éditeurs traditionnels trouvent des oreilles attentives au Salon. Amazon et Kobo se livrent une féroce concurrence pour capter leur attention. Pour tous les deux, il s’agit d’attirer tous les producteurs possibles de textes, quelle que soit leur qualité et sans aucun a priori à ce sujet, pour les encourager à s’autopublier sur les sites de ces deux librairies numériques. D’autres exposants moins connus poursuivaient le même objectif : TheBookEdition, proposé par l’imprimeur lillois Reprocolor, ou encore BooksOnDemand, filiale du grossiste allemand Libri, Bookelis, Edilivre, Librinova. Par conséquent, chaque auteur en chambre trouve au Salon une caisse de résonance qui ne peut que flatter son ego. A l’heure de l’autoédition numérique, tous les rêves sont permis. Dans ce registre, Amazon a une bonne longueur d’avance sur tous ses concurrents, avec sa plateforme Kindle Direct Publishing (KDP) pour une diffusion immédiate sur sa liseuse, dont le nom avait remplacé celui du groupe au-dessus du stand. Le service est rodé depuis plus de cinq ans aux Etats-Unis, où l’autoédition se désigne d’une expression chargée de toute l’irrépressible envie d’être publié : "vanity press". Le numérique encourage les auteurs à se révéler. En espérant qu’ils ne seront pas plus nombreux que les lecteurs.

La folie des selfies

La mode des "selfies", ces autoportraits pris avec son téléphone portable, n’a pas épargné le Salon du livre. De nombreux lecteurs ont profité d’une séance de dédicace pour se prendre en photo avec leurs auteurs préférés. Parmi les plus plébiscités (surtout par la gent féminine), Nicolas Bedos et Marc Lavoine. Les organisateurs avaient pressenti la tendance : un membre de l’équipe a été chargé de parcourir le salon pour recueillir un autoportrait des personnalités présentes et les poster sur Twitter sous le hashtag #selfiesalondulivre. Beaucoup se sont prêtées au jeu du selfie en solo : Emilie de Turckheim, Katherine Pancol, Yasmina Khadra, Mamadou Mahmoud N’Dongo, Frédéric Mitterrand, Sempé, Diane Ducret, Edwy Plenel, Cécilia Attias, Lionel Jospin, Amélie Nothomb, Yann Moix, et même Antoine Gallimard. Certains ont préféré le selfie à plusieurs, comme la romancière québécoise Yolande Villemaire avec Dany Laferrière ou encore Tatiana de Rosnay avec des lecteurs. Même la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, y est allée de sa photo groupée, en compagnie notamment de Vincent Monadé, président du CNL.

Les rencontres VIP boudées

Anticipant cette tendance, le Salon proposait cette année un "pass premium" qui offrait, pour 49 euros, une rencontre "VIP" en tête à tête avec un auteur et son éditeur. Au programme : Grégoire Delacourt et Karina Hocine, Frédéric Lenoir et Sophie de Closets, Leonora Miano et Olivier Nora ou encore Yann Moix et Jean-Paul Enthoven. Le succès n’a pourtant pas été au rendez-vous : seuls 300 pass ont été vendus, et la plupart des détenteurs ne se sont pas inscrits à ces rencontres, malgré plusieurs relances de la part de l’équipe du Salon. Finalement, une dizaine de personnes ont participé à chacune d’elles. Un nombre en deçà des espérances des organisateurs : "La première motivation des détenteurs du pass était d’avoir un accès coupe-file et illimité à la manifestation », constatent-ils en prévoyant de faire évoluer la formule à la lumière de cette première expérience. <

Manon Quinti et Hervé Hugueny

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