6 novembre > Récit illustré Grande-Bretagne

A l’origine, une série radiophonique réalisée par Miriam Elia pour la BBC, A series of psychotic episodes, nominée pour les Sony Awards. Ensuite, elle en a tiré ce petit livre, original, illustré des dessins en noir et blanc de son frère Ezra Elia.

Les auteurs, ayant été propriétaires autrefois d’Edward, un hamster décrit comme « morose », ont essayé de se mettre dans la peau de l’animal et de lui faire raconter sa vie sous forme d’un Journal, du 30 avril au 11 novembre 1990. Outre qu’il a de la culture et du style, Edward est un atrabilaire maniaco-dépressif, qui peut même devenir agressif. Qu’on se mette à sa place : passer sa vie dans une cage exiguë à dormir, manger des graines et boire de l’eau, avec pour seule activité de crapahuter dans une roue métallique et seul espoir d’en être sorti quelques minutes pour jouer avec ses maîtres humains, tout ça n’a rien de folichon. « Roue graines eau » constitue son « métro boulot dodo » à lui. Quand ce quotidien lui pèse trop, il fait la grève de la faim (cinq minutes), ou boycotte sa roue, avant d’y revenir, petit Sisyphe à poil roux.

Une fois qu’il a découvert qu’il était un garçon, il rêve de trouver l’âme sœur. On lui amène d’abord Lou, mais c’est un mâle stupide addict à la roue, où il s’abrutit nuit et jour. Une indigestion en débarrassera Edward, sans quoi il aurait pu aller jusqu’au meurtre. Et puis un jour apparaît dans sa vie Camilla - la ressemblance avec le prénom de la duchesse de Galles est-elle un hasard ? -, une jolie hamstère intello. « La connexion qu’il y a entre nous transcende les mots, note Edward le 27 octobre. Je me sens complet. » S’acheminerait-on vers une happy end à la Walt Disney ? Pas du tout : le destin fatal frappe, et précipite la fin du héros.

On l’aura compris, cette novella douce-amère, plaisante et tragique, peut se lire comme une parabole décalée sur l’humaine condition : chaque individu ne serait-il pas semblable à un hamster dans sa cage, prisonnier du monde et du quotidien ? Pour discuter de tout ça et du reste, le lecteur du Journal d’Edward, best-seller improbable déjà traduit en Chine, Suède, Allemagne et Roumanie, peut s’adresser en direct au héros, hamster branché, sur son compte Twitter@EdwardHamster. Jean-Claude Perrier

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