24 AOÛT - PREMIER ROMAN France

Au-delà de la théorie pure, la philosophie connaît aujourd'hui des applications très concrètes : par exemple faire passer un peu le temps à des détenus condamnés à de longues peines, les amener à réfléchir à leurs actes, voire à s'amender. Une pratique qui permet aussi à des enseignants volontaires de toucher du doigt un système carcéral aussi peu reluisant qu'opaque ; un monde en marge, avec ses propres codes, un royaume de l'omerta, mais plus poreux qu'on ne veut bien le croire.

C'est cette réalité que découvre un jour Lazare Vilain, un jeune philosophe invité à dispenser son enseignement à quelques taulards de la maison d'arrêt de Nîmes. Sans idéologie préconçue, mais sans doute aussi parce que, dans sa vie personnelle, il s'ennuie ferme, il va plus que s'intéresser à ses élèves. Certes, il adapte le contenu de ses cours à son public, mais sans concession. Socrate, Descartes ou Schopenhauer se retrouvent ainsi lus et commentés derrière les barreaux. Lazare reprend à son compte la maïeutique teintée d'empathie pratiquée par l'Athénien : il amène ainsi ses élèves à se raconter (presque à se confesser), avec un mélange d'humour et d'émotion.

Mais il a le coeur trop sensible. Il se laisse pervertir par la belle Leïla, soi-disant prof de musique, laquelle le met en contact avec M. Riccioli, un caïd de la pègre dans tout le Midi. Le philosophe devient porteur d'enveloppes, de messages, complice de toutes sortes de trafics entre l'extérieur et la prison. Bien sûr, il fait ça pour l'argent, mais aussi pour éprouver le frisson du danger et conquérir enfin le coeur de la mystérieuse Leïla. Inutile de dire que les apparences sont trompeuses et que tout ne va pas se dérouler selon ce que ses "amis" ont promis à leur pigeon presque parfait...

Pour son premier roman - puisé en partie dans sa propre expérience (il est lui-même philosophe "outdoor") -, Alain Guyard a concocté un cocktail de roman d'amour et de satire sociale, avec un zeste d'espionnage. Pour l'inspiration et le style, on pense à San-Antonio, à Audiard : c'est original, drôle et gentiment subversif.

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