Justice

Procès DSK-Jauffret : jugement pour diffamation mis en délibéré au 2 juin

Régis Jauffret. - Photo H. Triay

Procès DSK-Jauffret : jugement pour diffamation mis en délibéré au 2 juin

La défense de Dominique Strauss-Khan réclame 50000 euros au Seuil comme à Régis Jauffret, pour des passages jugés diffamants dans La ballade de Rikers Island, publié au Seuil en janvier 2014, et des propos tenus par l’auteur sur France Inter.

Par Agathe Auproux
avec afp Créé le 25.03.2016 à 16h06

L'audience du procès opposant Dominique Strauss-Khan à l’écrivain Régis Jauffret et à son éditeur, qui s'est tenue jeudi 24 mars devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, a abouti sur la mise en délibéré du jugement pour diffamation au 2 juin prochain. 

La défense de l'ancien président du FMI demande 50000 euros de dommages et intérêts aux éditions du Seuil pour la publication le 16 janvier 2014 de La ballade de Rikers Island qui livre une version romancée de l'affaire du Sofitel, et 50000 euros à son auteur Régis Jauffret pour des propos tenus sur France Inter le jour de la parution, où il s'est dit persuadé que DSK "ne s'est pas aperçu qu'il l'(Nafissatou Diallo) avait violée". L'insertion d'un encart faisant état de la condamnation dans chaque exemplaire paru du roman, et la suppression des passages incriminés dans toute nouvelle édition de l'ouvrage sont également réclamées.

Fiction vs Réalité

Pour le plaignant, le roman publié au Seuil en janvier 2014 s'appuie "totalement sur le réel et contredit la procédure américaine", qui a abandonné toute poursuite contre DSK, rapporte l’AFP. Me Christophe Bigot, avocat des Editions du Seuil et de Régis Jauffret, a plaidé que "l'affaire du Sofitel peut être romancée. On est en 2014 quand le roman paraît, le monde entier sait que Dominique Strauss-Khan a été innocenté".
 
"Régis Jauffret prend une affaire dont la matière est romanesque, accentue les traits, en fait ce qu'il veut. Peut mentir, inventer. C'est de la pure création", a poursuivi l'avocat de l'auteur, qui proclame en ouverture de son livre: "Le roman, c'est la réalité augmentée". Me Henri Leclerc, l'avocat de Dominique Strauss-Kahn, a rétorqué que le livre dépeint une "réalité augmentée par une diffamation pure et simple", et a dénoncé une "diffamation effroyable". "Ce livre décrit un viol, à l'indicatif. Le lecteur croit lire enfin le récit de ce qui s'est passé dans la suite 2806 du Sofitel", a tonné Me Leclerc, se disant écœuré par la description de l'agression, "dégradante" pas seulement pour Dominique Strauss-Kahn mais aussi pour Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel de New York qui a envoyé Dominique Strauss-Kahn en prison, à Rikers Island, seul nom cité dans ce livre de plus de 400 pages.
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Sept passages du livre sont précisément visés. "Le monde entier a commenté cette affaire, Régis Jauffret le fait aussi, en romancier et en toute bonne foi", a plaidé un autre de ses conseils, Bénédicte Amblard en revendiquant "le droit absolu de l'écrivain à prendre une affaire dont la matière est romanesque, accentuer les traits, malaxer le réelSi vous le lui interdisez, vous condamnez un genre littéraire". Des arguments balayés d'avance par le procureur, qui a estimé que Régis Jauffret n'avait "même pas tenté de s'ancrer dans la fiction pour cette œuvre".

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